Une vraie grosse crise ?

Alors… crise ou sévère coup de froid ? « Aucun doute, le marché est véritablement dégueulasse ! », soupire le patron d’un grand groupe donneur d’ordre. « Non, pour l’instant ça tient et ça tient même plutôt bien », nous indique au contraire le directeur du développement et des achats d’un groupe concurrent.

« Si l’on compare à d’autres périodes de fort ralentissement comme en 2001 ou en 2002, explique le dirigeant d’un verrier européen, il ne faut pas exagérer l’ampleur du coup de froid actuel, mais il est un fait que notre charge est faible (deux mois) et que le rythme des entrées de commandes est également bien faible depuis le début de l’année ».

« Pour ma part, les quelques contacts que j’ai avec de gros donneurs d’ordre, en l’occurrence basés en Grande-Bretagne comme BodyShop, ne me poussent pas au pessimisme, bien au contraire », explique le directeur des ventes d’un fabricant de systèmes airless. « Nous avons pas mal de développements en cour, et on ne sent pas encore un réel ralentissement, » confirme le patron d’une société d’injection française.

Carton : la grande purge

C’est sans doute dans l’industrie du carton que l’onde de choc a été la plus forte et la plus rapide. Mais « le mal était déjà dans le fruit », analyse un professionnel du secteur. Ainsi, la crise n’aurait fait qu’accélérer un processus inévitable. « Trop d’usines, trop de grosses machines, trop de capacités, une vision à court terme de la plupart des grands groupes papetiers, » poursuit ce même expert.

Les usines de carton du nord de l’Europe ferment en nombre, et les capacités de production s’effondrent. Il faut dire que la demande s’est littéralement effondrée dans certains secteurs. Mais, la parfumerie-cosmétique tient encore le coup, nous ont assuré plusieurs producteurs de carton. Et le secteur pharmaceutique semble encore en meilleure santé.

Dans l’ensemble, les producteurs de cartons s’accordent pour reconnaître qu’il fallait réduire les capacités de production. Finalement, cette grande purge était nécessaire. Nécessaire mais douloureuse et avec des conséquences que personne ne mesure réellement aujourd’hui.

Quelle sortie de crise possible ?

Si l’on en croit les propos de la majorité des professionnels interrogés : l’année 2009 va être extrêmement difficile et beaucoup vont y laisser des plumes, pour ne pas dire leur carcasse. Heureusement, précisent-ils souvent, le prix des matières premières a énormément baissé !

Alors comment faire face à cette crise ? Certains recommandent de « se concentrer sur des niches » ou de « protéger ses marges ». Pour d’autres, un seul mot d’ordre : « innovation ». À ce petit jeu d’ailleurs certaines marques semblent plutôt tirer leur épingle du jeu, du moins au vu des résultats du dernier trimestre 2008. Et elles ne semblent pas décider à ralentir le rythme des développements. Une bonne idée, selon beaucoup de nos interlocuteurs !