The Body Shop a commencé à déployer son concept de recharge en 2021. Après deux ans, pouvez-vous dire s’il s’agit ou non d’une alternative viable ?

Georgie Coppin - Nous sommes depuis longtemps leaders dans le secteur de la beauté éthique, nos clients attendent donc de nous ce type d’innovations et de solutions d’emballage. Je pense que les consommateurs veulent que les marques les aident à vivre de manière plus durable, et nos stations de recharge ont pour objectif de leur permettre de réduire plus facilement leur impact sur la planète, en rendant cette solution pratique et facilement accessible. Nous continuons d’observer une demande pour ces alternatives : 29,5% des clients sont revenus racheter une recharge depuis le lancement de nos stations, ce qui représente un taux de réachat plus élevé que celui de nos bouteilles en plastique (24,3%). Nous avons également reçu de nombreux retours de clients souhaitant que davantage de produits soient disponibles sous forme de recharge.

Cette année, nous avons donc élargi notre offre, qui comprenait déjà des shampoings, des après-shampoings et des gels douche, à une gamme de maquillage. Nous proposons désormais un rouge à lèvres et un fond de teint en poudre rechargeables.

La marque est présente dans plus de 80 pays. Les recharges sont-elles disponibles partout ?

Georgie Coppin - Oui, nous déployons nos stations de recharge à l’échelle mondiale. Et nous avons pour objectif d’avoir une station dans tous nos magasins éligibles à travers le monde d’ici la fin de 2024.

La recharge ne s’est malgré tout pas encore totalement substituée aux bouteilles en plastique, qui subsistent en magasins.

Georgie Coppin - Nous avons conscience qu’en tant qu’entreprise, nous devons faire davantage pour aider la planète, et nos stations de recharge ne sont qu’une partie de notre mission visant à contribuer à la construction d’une économie circulaire. Cette volonté d’être la meilleure entreprise éthique, durable et inclusive possible est au cœur même de tout ce que nous faisons.

Actuellement, la moitié de nos emballages plastiques proviennent de déchets préexistants, dont une partie résulte de notre partenariat avec Plastics For Change. À travers ce partenariat, nous travaillons avec 2.000 collecteurs de déchets en Inde qui perçoivent des prix justes pour les déchets plastiques qu’ils collectent, ainsi qu’un accès à de meilleures conditions de travail et à d’autres avantages sociaux. Nous avons déjà collecté 100 millions de bouteilles en plastique dans les rues d’Inde, et ce n’est que le début !

Les cosmétiques solides, les recharges et l’interdiction du plastique à usage unique font partie des solutions envisagées en France pour tendre vers une salle de bain zéro déchet. Y a-t-il d’autres alternatives mises en oeuvre à l’étranger pour y parvenir ?

Georgie Coppin - Dans certains pays, les clients peuvent rapporter leurs flacons de cosmétiques usagés pour les faire nettoyer et les réutiliser ou les recycler partout où il est possible d’acheter des produits de beauté. Cela rend la recharge encore plus accessible. Cependant, cela nécessite une collaboration entre les marques, soit volontairement, soit imposée par la législation. Le concept même de salle de bains zéro déchet n’est possible que grâce à un effort important de collaboration entre les entreprises, les gouvernements et les consommateurs.

Pourquoi les choses n’avancent-elles pas plus vite ?

Georgie Coppin - Lorsque nous développions notre programme de recharge, nous avons mené une enquête et constaté que l’un des principaux freins à la recharge était son manque de praticité. C’est pourquoi nous avons décidé d’en faire une option pratique et accessible que les gens pourraient intégrer dans leur vie quotidienne. Les consommateurs veulent que leur expérience d’utilisation des produits de beauté soit synonyme de plaisir, et ne sont pas toujours prêts à sacrifier ce point en faveur de la planète. Il s’agit donc pour nous de faciliter le choix du produit qui crée le moins de déchets en expliquant pourquoi la recharge, par exemple, est la meilleure option.

L’inflation peut-elle être un frein à cette transition écologique ?

Georgie Coppin - L’inflation peut assurément avoir un impact sur le développement et la mise en œuvre de ce type d’innovations durables pour les entreprises. Mais il faut se rappeler de l’objectif, à savoir se battre pour un monde plus juste et plus beau, pour se souvenir que les efforts à faire pour réduire notre impact sur la planète sont encore plus importants dans ces moments difficiles. Si l’on se place maintenant du côté des consommateurs, il faut savoir que le système de recharge leur permet en réalité d’économiser de l’argent. L’inflation peut éventuellement les freiner, mais nous faisons notre possible pour rendre la recharge attractive sur le plan financier. Une recharge est, par exemple, au même prix que la version standard d’un flacon en plastique de 250 ml, sauf qu’il y a 50 ml de produit supplémentaires à chaque fois.

La salle de bain zéro déchet, utopie ou avenir de la beauté ?

Georgie Coppin - La recharge et les solutions d’emballage sont certainement un pas dans la bonne direction, mais comme je le disais précédemment, le zéro déchet ne peut être obtenu que grâce à un effort de collaboration entre les entreprises, les gouvernements et les consommateurs. Toutes les parties doivent parvenir à une compréhension commune et travailler ensemble en gardant à l’esprit cet objectif commun si nous voulons y parvenir.