Dans le cadre de la révision en cours de la recommandation de l’UE aux industriels "sur les allégations de sécurité et d’efficacité des produits de protection solaire", qui date de 2006 [1], l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a transmis ses préconisations à Bruxelles.

Considérée comme un produit cosmétique au sein de l’Union européenne, une protection solaire (crème, huile, gel, aérosol...) a pour fonction principale de protéger la peau contre les rayons UV (ultraviolets) en les absorbant, les dispersant ou les réfléchissant. L’agence rappelle qu’une exposition excessive au soleil, fait vieillir la peau prématurément et cause plus de 80% des cancers cutanés. Elle provoque aussi "à court ou plus long terme" des lésions oculaires : cataracte, dégénérescence de la rétine.

Protection des enfants

Au premier rang des recommandations rendues publiques mercredi, l’ANSES souhaite interdire sur les produits de protection solaire "les revendications ciblant spécifiquement les bébés et jeunes enfants", qui sont les plus vulnérables aux effets cancérogènes des rayons UV.

"Il faut dire que l’exposition UV est vraiment contre-indiquée chez les bébés et les enfants jusqu’à la puberté, et que la crème solaire ne doit être utilisée qu’en dernier recours, en complément de mesures de prévention", déclare à l’AFP Céline Druet, directrice adjointe à la direction de l’évaluation des risques de l’ANSES.

"Cette mention ‘enfant’ doit être interdite parce qu’elle biaise l’information", explique l’ANSES, qui veut aussi que soit précisé que les enfants ne doivent pas non plus être placés sous un parasol, où ils sont exposés à des rayonnements diffusés ou réfléchis, résume-t-elle.

Les mesures de prévention - rechercher l’ombre, porter des vêtements couvrants, limiter la durée d’exposition, éviter le moment de la journée où le rayonnement UV est le plus intense - doivent être affichées sur les produits de protection solaire, qui ne sont qu’un "moyen complémentaire, pour protéger les parties du corps restant exposées : visage, mains...", selon l’ANSES.

L’Agence considère aussi que l’emballage des produits solaire doit donner des indications sur la quantité de produit à appliquer, aisées à comprendre et adaptées à la formulation du produit (crème, sprays, stick, huile, mousse...).

"Nous sommes assez préoccupés par le fait qu’on ne met pas suffisamment de produit, notamment avec un stick, comparé à une crème", souligne Sandrine Charles, cheffe de projets produits cosmétiques à l’ANSES. "Par exemple, pour une lotion, il faudrait (en) appliquer six cuillères à café" sur le corps d’un adulte moyen, et renouveler régulièrement cette application.

Simplifier l’étiquetage

Pour une meilleure information du consommateur, l’Agence préconise également de simplifier l’étiquetage en supprimant le FPS et en ne conservant que trois catégories de protection : "faible, moyenne ou forte". En effet, ces catégories concernent la protection contre les deux types d’UV existants (UVA et UVB), alors que le facteur de protection solaire (FPS) ne renseigne que sur la protection contre les UVB, et le logo "UVA" sur la protection contre les UVA.

La "faible protection" regrouperait les produits affichant actuellement un FPS de 15 et 20, la "moyenne protection" ceux dont le FPS est de 25 ou 30, et la "haute protection", les FPS 50 et 50+.

"Tout ce qui est en-dessous de 15 n’est pas suffisamment protecteur, ça ne sert pas à grand-chose, explique Sandrine Charles. Et quelqu’un qui s’applique du 50+ peut penser qu’il va être très, très protégé, alors que c’est quasiment équivalent à du 50".

Autre clarification nécessaire, pour l’ANSES : supprimer toute mention d’une protection solaire de l’emballage des produits cosmétiques (crème de jour, fond de teint, baume à lèvres...) intégrant un filtre UV à titre secondaire. Car, appliqués une fois par jour en quantité faible, ils ne sauraient protéger suffisamment de l’exposition aux UV.

Enfin, l’Agence préconise d’intégrer à la recommandation européenne l’impact des filtres UV sur différents organismes aquatiques, en interdisant les allégations environnementales qui n’auraient pas été dument démontrées.