Bertil Heerink

Premium Beauty News - Les derniers chiffres publiés par Cosmetics Europe montrent que les ventes de produits cosmétiques européens sont restées stables en 2013 malgré un contexte économique difficile, notamment grâce au dynamisme des exportations.

Bertil Heerink - Les exportations hors Europe ont augmenté en 2013 et c’est une très bonne nouvelle compte tenu du contexte économique global et de la valeur de l’euro. Cela nous a convaincus que la qualité des produits cosmétiques européens est toujours très recherchée partout dans le monde. Malgré le manque de dynamisme du marché européen, nous pouvons être très fiers de la performance de notre industrie en 2013. Cependant, nous devons être prudents, car un euro trop cher peut être un risque. Nous devons surveiller très attentivement la compétitivité européenne.

Premium Beauty News – Selon vous, les négociations en cours pour un accord de libre-échange UE-États-Unis sont-elles un moyen de soutenir cette compétitivité ou plutôt un risque ?

Bertil Heerink - C’est très positif ! En fait, les représentants de l’industrie des produits cosmétiques des deux côtés de l’Atlantique ont élaboré des propositions communes en vue de simplifier les échanges entre les deux zones. Peu d’industries sont allées aussi loin que nous. Supprimer les obstacles techniques inutiles facilitera l’activité transatlantique. Cependant, je tiens à souligner que notre objectif n’est pas d’abaisser les normes, mais de progresser dans la voie de la reconnaissance mutuelle tout en gardant le même niveau de protection des consommateurs.

Premium Beauty News - En matière de cosmétiques, les réglementations des États-Unis et de l’Union européenne diffèrent largement. Pensez-vous qu’il sera vraiment possible de les harmoniser ?

Bertil Heerink - Ce n’est pas notre objectif. Par exemple, je ne crois pas que la définition des produits sera harmonisée. La définition européenne est beaucoup plus large que celle des États-Unis. Néanmoins, il y a plusieurs domaines où des progrès sont possibles, en particulier en ce qui concerne les procédures d’essai et les exigences techniques.

Par exemple, les bonnes pratiques de fabrication (BPF) applicables aux cosmétiques pourraient être harmonisées sur la base d’une norme ISO. Les tests exigés pour la détermination du niveau de protection contre les rayons UV et les facteurs de protection solaire (SPF) pourraient également être harmonisés. Nous pouvons aussi progresser dans l’harmonisation des exigences en matière d’étiquetage. En particulier, les divergences concernant l’étiquetage des additifs de couleur pouvaient être surmontées. Plus nous avancerons dans la voie de l’alignement des réglementations, plus il sera facile pour les entreprises de s’adapter aux exigences locales.

Premium Beauty News - Qu’en est-il de l’expérimentation animale ? Elle a été interdite en Europe mais sont encore permise aux États-Unis.

Bertil Heerink - L’Union européenne a été pionnière dans ce domaine et les ONG de défense des droits des animaux exercent maintenant une forte pression sur les décideurs politiques aux États-Unis, au Canada, au Japon ou au Brésil pour qu’ils suivent notre chemin. En ce qui concerne l’industrie européenne, notre objectif est d’accélérer la validation des méthodes alternatives et de leur acceptation par les organismes de réglementation à travers le monde. Nous devons aussi harmoniser les différentes approches concernant l’interdiction des tests sur animaux afin d’éviter des obstacles techniques inutiles et une concurrence déloyale.

Premium Beauty News - Comment parvenir à l’alignement réglementaire sans rogner sur la protection du consommateur ?

Bertil Heerink - Nous devons nous préparer à une nouvelle réflexion sur la façon dont nous pouvons utiliser les accords de libre-échange, non seulement pour faciliter les affaires et le commerce, mais aussi pour accroître le niveau de protection des consommateurs à l’échelle mondiale. La DG Santé et Consommateurs de la Commission européenne a été très claire sur cette question : le progrès dans la voie de l’harmonisation réglementaire ne peut pas se faire par des normes inférieures. Toute l’industrie approuve cette approche.

Premium Beauty News - Quels sont vos autres priorités ?

Bertil Heerink - Je mentionnerais l’autorégulation, la communication et la Chine.

L’autorégulation est un enjeu stratégique, en particulier en ce qui concerne les revendications et les pratiques publicitaires. C’est la meilleure façon de protéger efficacement les consommateurs tout en garantissant suffisamment de liberté pour l’innovation et la concurrence. Nous voulons mettre en place un processus où nous pouvons apprendre les uns des autres dans l’intérêt commun des consommateurs et de l’industrie. Notre objectif est que le principe d’autorégulation, après discussion avec les organisations de consommateurs, soit accepté à l’échelle mondiale dans le domaine de la publicité.

Nous devons également coordonner notre communication sur les produits. L’information est maintenant mondiale et quand il y a un problème de sécurité dans un grand marché, il peut se propager rapidement dans le monde entier.

Enfin, la Chine reste une priorité pour nous. Le pays est en train de produire un nouveau corpus réglementaire pour les produits cosmétiques et nous coopérons beaucoup avec les autorités chinoises pour éviter la création d’obstacles non nécessaires tout en améliorant le niveau de protection des consommateurs.