Longtemps supplanté par les gels douche, le savon solide revient en force dans les paniers des consommateurs. Une tendance qui redonne de la vitalité au segment.

« Aujourd’hui, les consommateurs s’intéressent à nouveau au savon pour quatre raisons. Ils se méfient des substances indésirables contenues dans les gels douche, ils ont envie d’un retour à plus d’authenticité, il y a aussi une notion économique car un savon solide s’utilise sur une durée plus longue, et enfin c’est devenu un cadeau idéal,  » explique Guillaume Fievet directeur de La Savonnerie du Midi qui réunit les marques La Corvette & Maitre Savon.

En 2013, cet entrepreneur reprend l’entreprise installée à Marseille depuis plusieurs générations, alors en difficulté. Il s’emploie à rénover les deux gammes historiques de savons de Marseille traditionnels : Maitre savon, vendue en grande distribution et La Corvette au positionnement plus premium, vendue en magasins bio, pharmacies et circuits spécialisés en décoration.

Trois années plus tard, l’entreprise connaît plus 25 % de croissance en 2016 par rapport à 2015 et attend la même progression pour 2017. La France devrait progresser de 15 à 20% et l’export de 30 à 35% pour constituer 12% de part du chiffre d’affaires contre 5% il y a 3 ans.

« Cela fonctionne très bien à l’étranger, le terme de savon de Marseille traditionnel est connu dans le monde entier aujourd’hui ainsi que la Provence, » précise M. Fievet. Une dimension internationale qui pourrait s’accentuer avec la création par l’INPI d’un label IGPIA (indication géographique protégée pour les produits industriels et artisanaux) dont le dossier est en cours d’instruction.

Tradition et simplicité

Très attaché à l’authenticité de l’appellation « savon de Marseille traditionnel », Mr Fievet n’a pas attendu la délivrance de ce label et s’est rapproché en 2011 de trois autres savonneries locales, la savonnerie Marius Fabre, la savonnerie du Sérail et la savonnerie du Fer à Cheval, pour créer une association visant à défendre et promouvoir le savon de Marseille traditionnel. « Nous avons écrit une charte définissant ce savon selon trois critères : une fabrication à Marseille ou sa région, une fabrication traditionnelle au chaudron, une fabrication avec des huiles végétales sans aucun additif, ni parfum ni colorant. Ces trois éléments lui donnent ses caractéristiques et font son succès en France et à l’étranger » explique-t-il.

De cette association est née une marque collective, l’Union des professionnels de savons de Marseille, apposée sur les produits, assurant ainsi le consommateur d’acheter un authentique produit.

Les nouveaux utilisateurs du savon solide l’apprécient pour son aspect économique, écologique (pas d’emballages plastiques), naturel, mais également pour … sa nouveauté ! En effet, beaucoup n’ont connu que les gels liquides. Un grand nombre de marques ont déjà suivi ces attentes alors que de nouvelles griffes se sont lancées sur le marché récemment, avec un positionnement haut de gamme pour un produit universel.

Les marques Adduna et Daliane, par exemple, s’appuient toutes deux sur les mêmes motivations, à savoir, apporter une gamme de produits d’hygiène naturels à caractère premium, fabriqués en France artisanalement et aux vertus cosmétiques.

« Ce retour aux basiques ne se fait pas par défaut, il est très actif » assure Codou Cissé, fondatrice d’Adduna Beauté. Parce qu’elle ne trouvait pas de produits satisfaisants pour sa peau fragile, cette jeune entrepreneuse à lancé sa marque en 2014 sur la base d’une gamme de savons made in France aux richesses du monde entier (karité, olive, cacao, noix de coco, sésame, …). Les savons de beauté Adduna résultent de la saponification à froid, consistant simplement à mélanger des corps gras (beurres et huiles végétales) à une base, pour les transformer en savon. Ce savon contient naturellement de la glycérine qui préserve le film hydrolipidique de la peau. « La saponification à froid préserve au mieux les propriétés hydratantes des actifs des huiles précieuses, sélectionnées avec soin, » ajoute Codou Cissé. Vendue pour l’instant en ligne, la gamme Adduna devrait prochainement apparaître dans les beauty box, sur les sites de e-commerce et en concept stores. « Les utilisateurs sont tout de suite conquis et me demandent de travailler aujourd’hui sur des versions liquides, exfoliantes et shampoings, » se réjouit la fondatrice.

La nouvelle ère du savon s’envisage effectivement cosmétique. La gamme Daliane au lait d’ânesses créée par Sylvie Dalibard décline des références exfoliantes, purifiantes, protectrices, relaxantes. « J’ai souhaité créer des produits soins, bio, sans conservateurs, en synergie avec cet extraordinaire ingrédient qu’est le lait d’ânesse , » explique la créatrice.
Egalement saponifiés à froid, les produits Daliane sont composés à 42% du précieux lait (un pourcentage inégalé en cosmétique) et d’huiles essentielles naturelles. La gamme est présente en pharmacies, magasins bio et à l’étranger.

« L’attrait pour le savon de qualité, naturel, aux actifs bénéfiques est une tendance dure car elle est en lien avec la recherche de produits sûrs,  » assure Sylvie Dalibard.

Le savon est tendance. La cosmétique s’est emparé de ce produit d’hygiène basique pour un en faire un réel soin, à l’instar du secteur des nettoyants ménagers où il réapparait en force décliné, comme alternative naturelle aux détergents chimiques.