Donnant le ton de la journée, Philippe Ughetto, représentant la Fragrance Foundation France, a souligné dans son introduction que l’innovation doit désormais faire sens pour le consommateur autant que pour la planète.

Mathilde Lion, Director, Global Client Development du NPD Group, a ensuite dressé un bilan économique plutôt positif, citant la parfumerie, et non le soin, comme secteur menant la reprise pour la cosmétique sélective. Se demandant même si le parfum ne serait pas devenu le nouvel “effet rouge à lèvres” en Amérique du nord. De fait, principaux moteurs de cette sortie de crise, les générations Z et Millennials achètent des parfums pour répondre à leurs besoins de prendre soin de soi et de se faire plaisir, et influent les leviers de croissance vers de plus fortes concentrations, la vente en ligne, et les sets, testeurs et mini-produits.

Le futur du parfum est responsable

L’échantillonnage comme vecteur de découverte de l’ère post-pandémie a d’ailleurs plusieurs fois été abordé au cours de la journée. Et en particulier dans son évolution vers la durabilité. Céline Boix de Sampling Innovations Europe a présenté Ticket Scent, un système de distribution d’étiquettes parfumées individuelles pouvant être ouvertes et fermées plusieurs fois avec 100% de restitution olfactive. De son côté, Maxime Caffon a mis en avant la technologie Scent Touch d’ID Scent, qui permet une centaine d’utilisations et donc une durée de vie prolongée de l’échantillon. Une innovation travaillée notamment, pour Givenchy, en carte à découper en forme de mini-cintre pour parfumer sa penderie.

En matière de durabilité, Karine Torrent, fondatrice de la marque Floratropia, a choisi un devoir d’utopie, questionnant chaque pilier de la chaîne pour des parfums à l’impact le plus fort et l’empreinte environnementale la plus faible possibles. Résultat : des parfums 100% naturels vendus en doypack, le flacon devenant un accessoire. Proposant aussi d’adapter la gestuelle de parfumage au jus, Elisabeth Salom l’Ancien présentait la collection de sprays Inune d’Aptar. En particulier Silk, au choix précis ou enveloppant, permettant de révéler plus de facettes qu’un spray classique.

La naturalité au service d’une parfumerie plus complexe

Des facettes qui évoluent dans toutes les familles olfactives, comme l’expliquait Isabelle Ferrand de Cinquième Sens, grâce à de nouveaux sourcings ou le surcyclage, notamment des légumes. Ce que propose Symrise, grâce à la technologie Symtrap™, dans sa gamme Garden Lab. Pierre Guéros a ainsi décrit les notes crémeuses et veloutées de l’artichaut, les facettes noisettes et céréales de l’asperge, ou encore comment le chou-fleur rappelle l’ambre gris.

En termes de sourcing plus durable, Rémi Pulvérail a fait connaître la joint venture Eden Ecosystem, née du souci d’intégrer à la chaîne de valeurs les problématiques des agriculteurs, et notamment la continuité des achats. Elle propose des solutions sur mesures, de la culture de la plante à l’industrialisation, et combine les méthodes d’extraction pour offrir des spectres aromatiques plus complets. Pour le maître parfumeur Antoine Lie, ces extraits ‘full spectrum’ apportent de nouvelles facettes, plus proches de l’odeur qui émane des champs que les essences et absolues classiques.

Toujours pour repenser l’existant de manière plus responsable, Jérémy Pessiot, fondateur d’Afyren, a conçu une solution de surcyclage de la biomasse ligno-cellulosique de la betterave permettant de produire, sur sol français, les molécules synthétiques utilisées en parfumerie, et aujourd’hui issues de la pétrochimie internationale. Les 7 molécules plateformes formant ces molécules sont fabriquées lors d’un unique procédé, faible en carbone, certifié Cosmos, Ecocert et ISO 16128, qui donne des synthétiques biosourcés 100% naturels, dont la performance analytique et olfactive est respectée.

Au-delà du parfum, l’expérience

Dans son analyse des expressions libres sur les réseaux sociaux, Michelle Algazi, de Dynvibe, a pointé que les confinements ont fait émerger la découverte de parfums comme passe-temps. Et ont, pour beaucoup, été l’occasion d’oser des parfums plus audacieux. Post-confinements, ces notes restent un outil d’empowerment et permettent d’attirer l’attention d’autrui.

La démarche du mouvement ajnalogie (du sanskrit ajna, chakra de l’intuition) s’inscrit dans cet esprit : Agathe Jacquinet et Éléonore de Staël développent des parfums 100% naturels offrant une meilleure connection à ses émotions et à l’acceptation de soi.

L’expérience est aussi au cœur du concept DTC de Maison21G : composer, en ligne ou en boutique (à Singapour pour l’instant), son parfum sur-mesure après un test de personnalité. La fondatrice Johanna Monange s’est assurée avec IFF que chaque jus puisse être incorporé jusqu’à 21% en restant conforme aux exigences toxicologiques. Intégrant l’ensemble des tendances évoquées lors du Summit, elle propose aussi une collection de bougies et diffuseurs pour personnaliser sa fragrance d’intérieur, et des ateliers en boutique ou un coffret de découverte olfactive.

La découverte parfum est un des leviers d’innovations rappelés par la consultante Laure Braive, qui a proposé un tour du monde des innovations phygitales : des magasins virtuels aux parcours polysensoriels synesthésiques, en passant par toutes les options d’edutainment facilitées par les NFT. Elle suggère également de remettre l’exclusivité, l’artisan et l’humain au cœur du parcours client. Un parcours que se propose de faciliter Frédéric Besson, qui a développé avec Perfumist un ensemble d’applications mobiles destinées à aider tout un chacun, n’importe où (en ligne et en magasin/duty free), à trouver la fragrance idéale pour soi ou pour offrir.

La Chine en pleine émancipation

Une capacité à élever le client évoquée par Mathilde Girardon et Sylvain Eyraud, de Takasago, comme une des clés de succès sur le marché chinois. Un marché d’incarnation, selon eux, qu’il faut s’efforcer de comprendre de l’intérieur, avec ses rituels et ses légendes, pour passer du ‘made in China’ au ‘crafted in China’.

Betty Touzaud, Panda Meetings, a rappelé l’importance du e-commerce en Chine, où la quasi-totalité des ventes de parfums se fait sur les plateformes de live-shopping. Et donc de la nécessité d’adopter les codes du retailnment et de la gamification, avec des visuels impactants, ludiques et beaucoup de mouvement.