« Nous faisons face à une multitude de défis, car s’agissant de production à cycles longs, nous devons maintenir nos engagements dans le temps », explique-t-on chez Agroforex, une société qui fournit aux parfumeurs du gurjun, du benjoin et de l’aquilaria (bois d’agar ou oud) du Laos.

Partenariats de long terme

La production de ces précieux ingrédients de parfum repose en effet sur de longs cycles (au moins 20 ans pour l’aquilaria, 18 ans pour le benjoin, et au moins 30 ans pour le gurjun) qui impliquent des relations et des engagements de long-terme avec les communautés locales. Mais produire durablement, c’est aussi déployer une approche basée sur une multitude de critères (biodiversité, responsabilité, traçabilité, CITES, Protocole de Nagoya…. ), qui sont familiers à l’industrie, mais doivent être expliqués et compris par les communautés villageoises et les différents niveaux de l’administration.

Fondée en 1992, Agroforex Company travaille au tout début des filières, au plus près des communautés de cultivateurs-récolteurs. « Même si elles sont techniquement essentielles pour les industriels des parfums et des arômes, les ressources sur lesquelles nous travaillons sont souvent considérées comme mineures par les autorités qui, avec l’appui des banques régionales, se tournent vers des cultures à plus grands potentiels (hévéas, eucalyptus, manioc, canne à sucre … ), génératrices porteuses d’industries manufacturières locales (latex, pâte à papier, sucre, éthanol, …. ) ».

Après les pluies givrantes qui, en 2015-2016, ont anéanti des pans entiers du domaine styraxicole (le Styrax tonkinensis est l’arbre dont est issue la résine de bejoin), Agroforex a ainsi engagé un programme de conservation de plusieurs centaines d’hectares, une démarche plutôt inhabituelle dans le secteur privé. D’où l’importance pour les entreprises engagées dans des démarches d’une telles envergure de disposer l’appui de long-terme des industries utilisatrices.

Biodiversité et économies locales

Qu’il s’agisse de Styrax tonkinensis pour la production du benjoin, d’Aquilaria crassna pour le oud, beaucoup des ressources naturelles à l’origine de ces ingrédients ont un lien très fort avec la biodiversité et les « acteurs premiers », les paysans collecteurs.

Certains arbres comme le Styrax tonkinensis ont besoin de lianes par exemple pour réduire le rayonnement et éviter le craquellement de l’écorce des arbres à exploiter. D’autres, comme Aquilaria crassna ont besoin d’un certain type de fourmis urticante pour générer du bois de gélose (oud). À ce niveau, l’expertise des populations locales est inestimable.

De plus, l’exploitation de ces produits est généralement manuelle. Elle s’organise autour de systèmes pluriels (poly-activités agricoles à l’échelle familiale) en mesure de contenir l’exode rural et d’assurer la sécurité alimentaire des habitants, des conditions essentielles pour pérenniser la gestion première de ces ressources.

Pour ces « acteurs premiers » cette poly-activité atténue les risques (économique, climatique, …) et ces produits obtenus à petite échelle et sur de petites surfaces sont source de revenus monétaires.

« Nous agissons, contre vents et marées, animés par la curiosité et la passion d’apporter aux parfumeurs ces ingrédients aussi utiles qu’essentiels », souligne l’entreprise.

Agroforex Company présentera ses ingrédients emblématiques lors du World Perfumery Congress (WPC) du 24 au 27 juin 2024 à Genève, en Suisse, au côté de six autres producteurs et fournisseurs indépendants d’ingrédients naturels de parfumerie unis dans un stand commun sous la bannière Naturals Corner.