Des scientifiques basés aux Pays-Bas et en Allemagne ont effectué des modélisations 3D par ordinateur sur la base de nombreuses données issues d’observations de 1980 à 2020, aussi bien sur les côtes qu’à la surface et dans les profondeurs des océans.

Selon cette modélisation, les débris de plastique de plus de 25 millimètres (un pouce) représentent plus de 95% du plastique flottant sur l’océan. Si la plupart des particules de plastique dans l’océan sont de très petite taille, la masse totale de ces microplastiques (moins de cinq millimètres ou 0,2 pouce) est relativement faible.

« La majorité de la masse des plastiques est constituée de grands objets » (supérieurs à 2,5 centimètres) qui flottent plus facilement, expliquent les auteurs de l’étude.

Dans une publication récente dans la revue Nature Geoscience [1], les chercheurs estiment que la prépondérance de larges débris plastiques flottant à la surface des océans laisse penser que la quantité de plastiques finissant dans les mers est bien inférieure à ce qui était estimé jusqu’à présent. Cela étant, la quantité totale de débris plastique flottants - environ 3,2 millions de tonnes - est beaucoup plus importante que ce qui était estimé jusque-là.

Mais les auteurs ont aussi calculé que de l’ordre de 470-540 milliers de tonnes finissent dans les océans chaque année - un chiffre qui peut sembler considérable mais cependant bien inférieur aux 4 à 12 millions de tonnes estimées auparavant.

Une situation préoccupante

Le fait que le plastique flottant à la surface des océans soit plutôt de grande taille pourrait être une bonne nouvelle si l’on considère que les grands objets à la surface sont plus faciles à ramasser que les microplastiques.

Toutefois, si davantage de plastique flotte en surface mais que moins de nouveau plastique est déversé chaque année, cela signifie aussi qu’il faudra « plus longtemps avant que les effets des mesures pour combattre les déchets plastiques soient visibles », souligne Mikael Kaandorp, de l’Université d’Utrecht, l’auteur principal de l’étude. « Si on n’agit pas maintenant, les effets se feront sentir beaucoup plus longtemps », met-il en garde.

D’autant que la quantité de pollution plastique dans les océans ne cesse de croître. Sans mesures d’atténuation et de nettoyage supplémentaires, les déchets plastiques persistants pourraient doubler d’ici deux décennies, selon les auteurs de l’étude.

Vers un traité international ?

Face à une pollution plastique omniprésente sur la planète, le principe d’un traité juridiquement contraignant pour lutter contre ce fléau a été arrêté en février 2022 à Nairobi, au siège du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE). Plusieurs cycles de négociations doivent maintenant concrétiser cette promesse.

Lors d’une deuxième session de négociations à Paris, 175 pays ont décidé d’établir une "première version" d’un futur traité d’ici leur prochain rendez-vous de négociations en novembre au Kenya.