Des chercheurs chinois et britanniques ont repéré des « champignons et bactéries dégradant le plastique dans les marais salants côtiers de Jiangsu », dans l’est de la Chine, annonce le jardin botanique britannique de Kew Gardens dans un communiqué. Ils ont dénombré « au total 184 espèces de champignons et 55 espèces de bactéries capables de décomposer » divers plastiques.

Une véritable « plastisphère »

Pour leur étude, les chercheurs ont réalisé des prélèvements en mai 2021 à Dafeng, un site classé par l’Unesco. L’échantillon a confirmé la présence d’une sorte de « plastisphère » terrestre, un écosystème adapté aux débris plastiques côtiers.

En raison de leur longévité et de leur surface hydrophobe, les plastiques présents dans les écosystèmes aquatiques peuvent créer une sorte de « récif microbien » auquel les champignons et les bactéries peuvent s’attacher. Et certains plastiques peuvent fournir aux microbes une source de carbone à métaboliser – une source de nourriture.

À Dafeng, les chercheurs ont collecté 50 échantillons de déchets plastiques provenant de sept types différents de polymères à base de pétrole : polyéthylène téréphtalate (PET), polystyrène expansé (EPS), polyéthylène (PE), polyuréthane (PU), polyamide (PA), polypropylène ( PP) et chlorure de polyvinyle (PVC).

Parmi les échantillons, les chercheurs ont identifié 14 genres de champignons, dont les phytopathogènes Fusarium et Neocosmospora. Les résultats de l’étude indiquent que ces champignons pourraient être plus efficaces que les champignons saprotrophes pour dégrader les plastiques polycaprolactones (PCL) et les autres polymères synthétiques.

Une piste pour recycler le plastique

« Les scientifiques s’intéressent de plus en plus aux micro-organismes, tels que les champignons et les bactéries, pour relever certains des défis les plus pressants de l’ère moderne, dont la marée montante de la pollution plastique », souligne Kew Gardens.

Dans la nature, les champignons jouent un rôle clé dans la décomposition de la matière organique. Au cours de millions d’années d’évolution, ils sont devenus capables de décomposer de nombreux polymères complexes et naturels, tels que la cellulose, en secrétant des enzymes extrêmement efficaces pour décomposer les composés organiques complexes.

De précédentes études ont déjà reconnu le potentiel de certains micro-organismes pour lutter contre la pollution plastique. À ce jour, 436 espèces de champignons et de bactéries pouvant dégrader le plastique ont été identifiées. Les scientifiques de RGB Kew pensent que leurs dernières découvertes pourraient conduire au développement d’enzymes efficaces pour dégrader biologiquement les déchets plastiques.

Recyclage enzymatique

La start-up française Carbios a été pionnière dans le recyclage enzymatique du plastique, plus précisément du PET. Un démonstrateur industriel installé à Clermont-Ferrand a montré la faisabilité technique de l’utilisation d’enzymes dans un processus de recyclage peu gourmand en énergie, ouvrant la voie à la construction d’une première usine commerciale dont la mise en service est prévue en 2025. En 2021, Carbios et L’Oréal ont dévoilé les premiers flacons en plastique issus de la technologie de recyclage enzymatique.

Carbios a récemment annoncé avoir démultiplié ses capacités de criblage de microorganismes avec l’adaptation de la technologie de microfluidique en partenariat avec le Centre de Recherche Paul Pascal (une unité mixte de recherche du CNRS et de l’Université de Bordeaux). Objectif : accélérer le développement et la production d’enzymes capables de dégrader différents types de polymères plastiques. La découverte de ces nouvelles souches mangeuses de plastique devrait contribuer à nourrir ces recherches !