Enquête en ligne

Le rapport publié le 18 octobre sur le site internet de la Fondation David Suzuki est principalement bâti sur les résultats d’une enquête en ligne, à laquelle ont contribué un peu plus de 6 200 personnes.

La Fondation a invité les internautes à examiner la liste d’ingrédients de leurs cosmétiques et d’indiquer si celle-ci contenait une ou plusieurs substances figurant dans l’un des 12 groupes de produits chimiques jugés potentiellement dangereux pour la santé humaine ou pour l’environnement. L’enquête a permis de recueillir des données sur 12 500 produits d’hygiène et de beauté. « Quatre produits sur cinq figurant au sondage contenaient au moins un ingrédient soupçonné d’être lié à des problèmes environnementaux ou à la santé - y compris le cancer, les troubles de l’appareil reproducteur, l’asthme et les allergies graves, » affirme la Fondation.

12 substances « à éviter »

Il faut dire que la liste des ingrédients « à éviter » dressée par la Fondation David Suzuki est particulièrement large et comprend tellement de substances que l’on a effectivement de fortes chances de trouver au moins l’une d’elles dans des cosmétiques ou des parfums :

 BHA et BHT,
 les colorants dérivés du goudron de houille (telle que la p-phenylenediamine),
 le DEA, cocamide DEA et lauramide DEA,
 le dibutyl phthalate (ou phtalate de dibutyle),
 les libérateurs de formaldéhyde (dmdm hydantoin, diazolidinyl urea, imidazolidinyl urea, methenamine, quarternium-15 et sodium hydroxymethylglycinate),
 les parabènes (paraben, methylparaben, butylparaben et propylparaben),
 le parfum (notamment à cause des allergènes qu’il peut contenir),
 les PEG (par ex. le PEG-60) à cause de la présence possible de 1,4-dioxane,
 le petrolatum
 les siloxanes (cyclotetrasiloxane, cyclopentasiloxane, cyclohexasiloxane et cyclomethicone),
 le sodium laureth sulfate, à cause de la présence possible de 1,4-dioxane,
 le triclosan.

La Fondation remarque ainsi que le parfum, qui apparaît comme un terme générique dans la liste des ingrédients contenus dans un cosmétique, sans que soit divulgué le détail de ses constituants, est «  l’ingrédient dont il a été le plus souvent fait état dans la liste , il a été noté dans le plus de la moitié des produits du sondage. »

Durcissement de la réglementation

Pour la Fondation David Suzuki, les résultats de cette enquête suffisent à mettre en évidence les lacunes de la réglementation canadienne. « Il est évident qu’il nous faut des règlements plus efficaces pour empêcher que ces produits chimiques potentiellement nocifs se retrouvent dans les produits de grande consommation, » affirme ainsi Lisa Gue, analyste en politiques de santé environnementale pour la Fondation.

Le rapport cerne plusieurs faiblesses dans la réglementation canadienne en matière de cosmétiques. Par exemple, de nombreux ingrédients utilisés dans les cosmétiques n’ont jamais fait l’objet de tests quant à leurs effets sur la santé humaine et l’environnement, notamment quand ils ont été introduits avant l’existence des contrôles environnementaux modernes.

Autre exemple, l’absence de caractère juridique contraignant de la « Liste critique des ingrédients cosmétiques », publiée par Santé Canada. Elle ne peut pas être imposée directement fabricants, contrairement à la réglementation de l’Union européenne qui restreint ou interdit explicitement l’utilisation de très nombreuses substances, notamment celles qui sont classées comme cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction.

La Fondation critique également l’éclatement de la réglementation, qui conduit à traiter des produits apparemment semblables sous trois régimes juridiques différents. En théorie, une crème de beauté peut ainsi être considérée comme un simple cosmétique, ou comme un produit de santé naturel, si elle contient des ingrédients naturels ayant une fonction thérapeutique, ou comme un médicament si elle revendique un effet protecteur contre le soleil.

La Fondation demande enfin à Santé Canada de contrôler l’utilisation commerciale des termes « inodore/non parfumé » et « naturel/biologique/organique ».

« Santé Canada s’assure de l’innocuité des cosmétiques et passe régulièrement en revue les nouvelles données scientifiques et réglementaires sur les ingrédients cosmétiques dès lors qu’elles sont disponibles, » a répondu l’organe chargé du contrôle des cosmétiques dans un courrier.