Depuis plusieurs années, le triclosan [1], un biocide utilisé dans de nombreuses catégories de produits, notamment les cosmétiques, est suspecté d’être un facteur favorisant la résistance bactérienne.

Le Comité scientifique de sécurité des consommateurs (Scientific Committee on Consumer Safety - SCCS), un organe consultatif de l’Union européenne, a été interrogé sur le fait de savoir si l’utilisation du triclosan, comme conservateur dans les cosmétiques, pouvait encore être considérée comme sans danger, compte tenu des nouveaux éléments disponibles sur le développement de la résistance et de la résistance croisée de certains micro-organismes.

Le SCCS remarque que de faibles concentrations de triclosan peuvent déclencher l’expression de mécanismes de résistance et de résistance-croisée sur des bactéries in vitro, mais qu’un phénomène similaire est plus difficile à prévoir dans les milieux naturels. « Les quelques études in situ étudiant une exposition de long terme (c’est-à-dire au moins 6 mois) au triclosan n’indiquent pas de changement dans le potentiel de résistance des bactéries sélectionnées, mais les changements intervenant dans l’ensemble de la flore n’ont pas été analysés. De nouvelles informations in situ sont donc nécessaires pour formuler un avis définitif, » indique le SCCS.

Considérant la contradiction apparente entre les éléments in situ , qui suggèrent l’absence d’induction de résistance bactérienne et de résistance croisée déclenchée par le triclosan, et les études in vitro qui décrivent les mécanismes et la génétique de la résistance induite par le triclosan sur les bactéries, le SCCS recommande que des études complémentaires soient conduites. « Bien que la résistance au triclosan n’ait pas été observée in situ, cela n’est pas suffisant pour conclure qu’il n’y a aucun risque. Des éléments manquent encore pour permettre une évaluation du risque lié à l’utilisation du triclosan dans les produits cosmétiques. »

Le SCCS recommande donc une utilisation prudente du triclosan, par exemple en la limitant aux applications pour lesquelles un bénéfice sanitaire peut être démontré.