Détournement des terres agricoles

Les avantages environnementaux sont souvent cités comme une des raisons justifiant le recours à des matières premières d’origine végétale. En effet, en plus d’être renouvelables, ces substances ont souvent une empreinte écologique plus faibles que leurs équivalents d’origine pétrolière. « Toutefois, le détournement des terres agricoles consacrées cultures vivrières pour la production d’ingrédients cosmétiques soulève de nombreuses questions éthiques et écologiques, » indique Organic Monitor.

Selon le cabinet d’études, il existe un risque que l’utilisation croissante de plantes cultivées dans l’industrie cosmétique suscite un débat similaire à celui concernant les cultures destinées aux agrocarburants, et que les fabricants de cosmétiques soient accusés de mettre en péril les ressources alimentaires humaines. « La sécurité alimentaire devient une préoccupation mondiale majeure en raison des prix des denrées alimentaires et de la rareté des terres agricoles. La population mondiale devrait croître de 50% pour atteindre plus de 9 milliards en 2050, alors que les surfaces agricoles devraient diminuer au cours de cette période, » expliquent les chercheurs d’Organic Monitor.

Une telle préoccupation n’est pas nouvelle. Elle a été soulevée il y a quelques années lorsque le prix des matières premières, de l’énergie et des matières premières a commencé à augmenter. Selon l’agronome et économiste Michel Griffon, il est peu probable que dans un avenir proche, l’agriculture soit en mesure de produire suffisamment d’agrocarburants et de produits chimiques d’origine végétale, tout en nourrissant toute l’humanité et en parvenant à sauvegarder la biodiversité dans le même temps. En tout cas, écrit-il dans Nourrir la planète [1], aucun de ces objectifs ne sera accessible sans transformation écologique radicale des techniques agricoles, une « révolution doublement verte. »

Sourcing durable

En fait, l’industrie de la beauté doit veiller à ce que les agro-ingrédients utilisés pour la fabrication ou l’emballage de ses produits soient d’origine durable.

Organic Monitor perçoit des signes précoces indiquant que l’approvisionnement durable tend à devenir une obligation dans l’industrie de la beauté, plutôt que simple préférence. En Europe, L’Oréal et Unilever, par exemple, ont déjà pris des engagements se sourcing durable. Aux États-Unis, Wal-Mart fait pression sur ses fournisseurs pour qu’ils adoptent des pratiques durables. En outre, les médias et les ONG dans le monde entier font également pression sur les sociétés.

Dans un avenir proche, plusieurs ingrédients pourraient se trouver dans la même situation que l’huile de palme, pour laquelle les entreprises de l’industrie de la beauté se sont engagées à ne s’approvisionner qu’auprès des fournisseurs agréés par la table ronde sur huile de palme durable [2]. « Des tables rondes similaires existent pour le soja et le cacao, et d’autres sont dans les tuyaux. Un certain nombre de nouveaux programmes, labels et normes émergent en matière de durabilité, » explique Organic Monitor.

Besoin d’autres certifications ?

Les référentiels des cosmétiques naturels et biologiques comportent déjà des exigences en matière de durabilité, mais les marques peuvent vouloir étendre le champ de leurs revendications au travers de certifications supplémentaires. Le commerce équitable en est une illustration, en particulier au Royaume-Uni avec des marques telles que Boots, Bulldog et Bubble & Balm. D’autres sociétés, telles que le fournisseur brésilien d’ingrédients Beraca ont intégré la biodiversité dans leurs programmes d’approvisionnement.

Le changement climatique s’ajoute encore aux raisons orientant l’attention sur les pratiques durables d’approvisionnement, qui sont susceptibles de devenir un facteur clé de succès pour les marques de cosmétiques et de soins dans un avenir très proche.