«  En tant que toxicologues, nous soutenons les objectifs de REACH – c’est le plus important investissement jamais réalisé en matière de protection des consommateurs. Toutefois, nous pensons que les législateurs ont sous-estimé la taille du défi, » affirment Thomas Hartung [1] et Constanza Rovinda [2], les auteurs d’une étude financée par le Trans-Atlantic Think Tank for Toxicology de la John Hopkins University de Baltimore, Maryland, et commentée dans l’édition du 26 août 2009 de la revue Nature. L’analyse complète est proposée en prépublication électronique du numéro de septembre 2009 de la revueALTEX, Alternatives to Animal Experimentation.

Un défi sans précédent

Hartung et Costanza ont calculé que REACH pourrait nécessiter 54 millions d’animaux de laboratoire et 9,5 milliards d’euros (13,4 milliards de dollars US) au cours des 10 prochaines années, ce qui représente 20 fois le nombre d’animaux et 6 fois le coût envisagé par les précédentes évaluations. Actuellement, l’Union européenne utilise approximativement 900 000 animaux, pour un coût de 600 millions d’euros (847 millions de dollars) par an, pour évaluer les nouvelles substances chimiques, les médicaments, pesticides ou additifs alimentaires.

Lorsque REACH a été voté, on prévoyait que 27 000 sociétés soumettraient 180 000 pré-enregistrements concernant 29 000 substances. En réalité, près de 65 000 sociétés ont effectué plus e 2,7 millions de pré-enregistrements pour plus de 140 000 substances. L’objectif de REACH est de finaliser le recueil des données sur ces substances pour 2018. Toutefois, au cours des dernières décennies, l’Union européenne a évalué 200 à 300 nouvelles substances chimiques chaque année, ce qui fait de REACH un défi sans précédent. « Les toxicologues n’ont pas les outils adaptés pour répondre à ces attentes, » affirment les auteurs de l’étude.

Selon eux, 90 pourcent des animaux qui à utiliser et 70 pourcent du coût prévu, proviendra des tests de reprotoxicité. « Une révision des méthodes d’analyse, notamment en matière de toxicité vis-à-vis de la reproduction est essentielle. Il n’y a pas d’alternative à REACH, mais REACH ne se fera pas sans alternatives, » affirme Hartung.

Des chiffres inexacts selon l’ECHA

«  Clairement, les chiffres exacts ne seront connus que lorsque tous les enregistrements seront effectués et que toutes les propositions d’analyse auront été reçues, mais, sur la base des informations dont nous disposons et de nos discussions avec l’industrie, les chiffres fournis dans cette étude sont fort heureusement très éloignés de la réalité, » estime Geert Dancet, le Directeur exécutif de l’ECHA, l’Agence européenne des substances chimiques.

Selon l’ECHA, l’analyse de Hartung et Costanza surestime trois points : le nombre probable de substances qui seront enregistré sous REACH et qui nécessiteront une évaluation complète, le nombre probable des tests et des animaux de laboratoires qui seront nécessaires et, les coûts probables de réalisation des tests.

« Les évaluations initiales sur le nombre d’animaux tiennent toujours, » conclue l’ECHA, c’est-à-dire 9 millions d’animaux de laboratoires impliqués dans les analyses requises et des coûts de réalisation de ces tests qui s’élèveraient à 1,3 milliards d’euros.