Les résultats ont été présentés à Lyon en juillet, lors de la rencontre annuelle de la filière plasturgie. Principale conclusion, l’industrie française souffre d’un manque chronique de solidarité et de la faiblesse, d’actions en réseaux.

Écarts de compétitivité

L’étude intitulée Les pratiques d’affaires dans la plasturgie : comparaison France/Allemagne/Italie se focalise sur deux secteurs : l’automobile et l’emballage. L’état de la filière plasturgie dans ces trois pays apparaît pour le moins contrasté.

Championnes de la profitabilité, les entreprises allemandes sont suivies par les entreprises italiennes. Les entreprises françaises se classant loin derrière. Au chapitre « financement bancaire », là il n’y a pas photo, les entreprises françaises ont un accès à ce type de financement bien plus limité que les entreprises allemandes et italiennes alors que, dans le même temps, les délais de paiement des clients sont bien meilleurs en Allemagne.

Si l’on compare l’industrie allemande de la plasturgie avec celles de l’Italie et de la France, on constate très vite que les entreprises allemandes sont devenues au fil du temps beaucoup plus grosses, alors que le modèle italien est plutôt constitué de très petites entreprises. La taille des entreprises françaises est intermédiaire mais leur pérennité est moins assurée, beaucoup disparaissent ou sont absorbées au avant leur transmission.

Une des principales raisons selon Accenture : le cadre légal. Il favorise les transmissions, l’investissement et la pérennité tant en Allemagne (mise en place d’un système d’exonération avec plafond des impôts sur les donations et successions ; existence de fonds d’investissements publics à buts non-lucratifs, investissant à long terme dans les reprises de PME, sans intervention dans le management de l’entreprise), qu’en Italie (abolition de droits de succession dans le cadre de transmissions familiales).

En ce qui concerne le coût de la main d’œuvre, l’Italie bénéficie d’un avantage comparatif indiscutable. Les coûts sont en revanche assez proches en France et en Allemagne.

Les bienfaits du réseau !

En fait, c’est au niveau de l’approche « collaborative » entre les partenaires d’une même filière qu’Allemands et Italiens ont visiblement tout compris. Ainsi il n’est pas rare d’observer dans ces pays des regroupements informels ou des fédérations d’entreprises sans aucune forme juridique associée. Pour optimiser les relations commerciales avec des donneurs d’ordre, des partenariats se montent entre moulistes, transformateurs et fournisseurs de matières plastiques. Des réponses communes sont faites à certains appels d’offre. On assiste même à un véritable partage naturel et, non officiel, du marché… et une meilleure concertation dans les réponses aux appels d’offre, afin d’éviter de se retrouver dans une configuration de pression sur les prix.

Pour se développer à l’international, les entreprises allemandes se regroupent et s’entendent sur les présences aux salons (logique de co-financement de stand, de co-représentation…). En Émilie-Romagne, trois cents personnes ont quitté une grande entreprise, ont créé chacun leur entreprise de dix/vingt personnes, travaillent ensemble et sont devenus des leaders mondiaux du packaging… Autre exemple, toujours en Émilie-Romagne, 60 000 PME se sont associées dans des coopératives de garantie pour négocier avec les banquiers ce qui leur a permis un emprunt garanti par la coopérative avec des taux de crédit obtenus équivalents à ceux obtenus par Fiat !

Innovation, formation : ce qu’ils font !

Concernant l’innovation, il y a eu la mise en place en Allemagne de plans de formation concertés entre les universités et les entreprises afin d’offrir à la filière des collaborateurs maîtrisant les avancées technologiques et répondant aux besoins de recrutement et afin de rendre la filière de la plasturgie attractive en termes d’opportunités de carrières. En Italie, il existe des districts industriels avec une forte concentration en Vénétie, Émilie-Romagne et en Toscane. Du coup l’industrie italienne est très flexible, prête à innover, à percevoir tous les changements technologiques et à s’adapter aux variations du marché.

Au chapitre « formation et valorisation de la filière et ses métier »…, là aussi, il y a beaucoup à apprendre de nos voisins allemands. L’apprentissage est une grande force de ce pays et fait figure de véritable « priorité nationale ». Une formation dispensée au plus grand nombre et cofinancée par les entreprises et les subventions fédérales.

En ce qui concerne les « pratiques commerciales avec les clients », en amont du contrat, en Allemagne en particulier, il y a souvent un vrai partage des informations entre le donneur d’ordre et le sous-traitant avec un dialogue entre les équipes techniques (les achats n’interviennent souvent que dans un second temps), un partage du business plan, une compréhension des variables associées (impact d’un delta de volumes, impact de variation des prix matières, scénarios de réalisation…), un engagement de part et d’autre sur les principales hypothèses, enfin une réelle logique de dialogue technique en amont de la signature du contrat.

En Allemagne toujours, les contrats réintègrent les éléments financiers avec de vrais engagements sur les volumes et il s’instaure une logique de confiance et d’ arrangement en cas d’évolution des conditions.

En général, les acteurs italiens et allemands ont des pratiques commerciales plus souples pour trouver un compromis avec possibilité d’ajuster le contrat (en termes financiers, en termes de cahier des charges…). Il y a la volonté de chercher en commun le meilleur compromis et de revisiter ensemble des éléments contractuels (et possible arrangement financier).

Enfin, concernant l’accès aux ressources financières, en Allemagne comme en Italie, il n’y a pas de logique de cautionnement par les donneurs d’ordre. En Allemagne, les business plans et les perspectives offertes par les donneurs d’ordre (volumes, contrats…) suffisent pour obtenir l’accès aux ressources financières. En Italie, c’est la relation « privilégiée » et de proximité entre l’établissement bancaire local ou régional et le sous-traitant qui permet un accès quasi systématique aux ressources financières. Un véritable rêve pour un patron français !