Selon les chercheurs, c’est la première fois qu’un lien peut être établi entre l’exposition aux produits cosmétiques et le niveau de certains contaminants dans l’organisme. Une récente étude, qui fait partie d’un programme national Suisse de recherche sur les perturbateurs endocriniens [1], montre que la présence de filtres UV dans le corps humain est très répandue et qu’elle est corrélée à l’utilisation de cosmétiques.

Données analytiques d’échantillons de lait

Trois cohortes de lait maternel ont été prélevées sur trois ans (2004, 2005 et 2006) dans une maternité de Bâle. Les participants ont rempli un questionnaire détaillé mettant l’accent sur l’utilisation des produits cosmétiques.

Les échantillons ont été analysés pour détecter une large gamme de produits chimiques, notamment les polluants organiques persistants (POP), mais pas seulement eux. La liste comprend des filtres UV utilisés dans les cosmétiques, des muscs synthétiques utilisés en parfumerie, des pesticides, des phtalates, des parabènes, dees retardateurs de flamme (polybromodiphényléthers), et des biphényles polychlorés (BPC), soit au total 89 analyses par échantillon de lait. Les résultats de l’analyse chimique des échantillons de lait de chaque mère ont ensuite été comparés avec les informations obtenues grâce au questionnaire.

«  Le lait maternel a été choisi parce qu’il fournit des informations directes sur l’exposition de l’enfant nourrit au lait et des informations indirectes sur l’exposition de la mère pendant la grossesse, » expliquent Margret Schlumpf et Walter Lichtensteiger, qui ont dirigé l’étude.

Les niveaux de filtres UV corrélés à l’utilisation des cosmétiques

L’étude montre une présence généralisée de filtres UV dans le corps humain, puisqu’on en retrouve trace dans 85% des échantillons de lait maternel, à des concentrations comparables aux BPC. Les muscs synthétiques utilisés en parfumerie se retrouvent également dans les échantillons de lait.

Alors que la concentration dans les échantillons de lait de contaminants classiques comme les BPC, le DDT et des métabolites du DDT, ainsi que d’autres contaminants persistants comme les pesticides organochlorés, était généralement semblable, les variations de concentrations en filtres UV se sont avérées importantes entre les échantillons. En fait, la présence de filtres UV dans le lait maternel est apparue corrélée avec l’utilisation de produits cosmétiques contenant ces filtres UV. « Il semble plausible que la présence d’autres ingrédients cosmétiques, tels que les parfums de synthèse, soit également liée à l’utilisation des produits correspondants. Toutefois, cela n’a pu être étudié car la présence des muscs n’est pas étiquetée », précisent les auteurs.