À la recherche d’un second souffle

Si l’on en croit les témoignages de ceux qui le fréquentent depuis de nombreuses années, le salon HBA est aujourd’hui méconnaissable par rapport à ce qu’il était il y dix ou même seulement cinq ans. Tous les secteurs ont été affectés par la perte d’exposants majeurs.

Cette situation était particulièrement frappante, du côté des fournisseurs d’ingrédients, qui étaient encore nombreux il y a quelques années. « Un grand nombre d’exposants se concentrent sur les Suppliers’ Day de la NYSCC [1], qui se déroulent dans le New Jersey, » analyse Nicolas Meyrial, National Account Executive Personal Care chez Naturex, un spécialiste des substances d’origine végétale. On notait toutefois la participation, entre autres, de Catalent, de Clariant, de Rossow USA.

Même constat au niveau du packaging, avec une présence massive de fournisseurs asiatiques, mais un nombre réduit d’acteurs importants, tels que Arrowpak, Alpha Packaging, Coswel Korea, Elcos, Fusion Packaging, Lablabo, Mega Pumps, Topline Products ou Yonwoo.

En ce qui concerne les formulateurs et les acteurs du full service, on notait la présence d’acteurs européens significatifs, en particulier dans le secteur du maquillage, tels que b-kolor makeup & skincare et Technocosmesi, aux côtés de sociétés américaines telles que Columbia Cosmetics, Lady Burd, et Wormser Corporation, ou du Coréen Hwa Sung.

Du côté des organisateurs, si les chiffres du nombre de visiteurs ne sont pas encore disponibles, on insiste sur les efforts qui ont été faits cette année pour concentrer les invitations sur les acheteurs les plus qualifiés.

« Ce que nous ont dit plusieurs exposants, c’est qu’ils ont rencontré des visiteurs de grande qualité de chez Avon, Coty, Revlon, Estée Lauder, L’Oréal, Lancôme, Maybelline, MAC, Unilever, Tarte, Sephora et encore d’autres marques majeures, qui étaient présentes tout comme plusieurs marques indépendantes, » indique Jill Birkett, Brand Director pour HBA Global.

« Par le biais des remarques sur place et via les tweets et d’autres applications en temps réel, ce que nous avons entendu c’est que les participants ont été heureux de l’augmentation des exposants européens, qu’il y avait des innovations passionnantes sur le salon, » ajoute-t-elle.

Riche programme de conférences

Une chose qui ne change pas sur HBA, c’est la richesse du programme de conférences, dont la plupart sont payantes. Ces formations connaissent un succès indéniable, au point que certains visiteurs ne font qu’un bref détour par l’espace d’exposition. Parmi les intervenants, on compte d’ailleurs plusieurs anciens exposants qui limitent maintenant leur participation à une ou deux présentations devant un public qu’ils jugent généralement très intéressant.

« S’efforcer de satisfaire les besoins des directeurs de marque et des chefs de produit qui veulent de la formation tout leur laissant assez de temps disponible pour visiter le salon est toujours un défi. Cette année, nous avons ajouté plus conférences le jeudi pour que nous puissions avoir une pause plus longue à midi les mardi et mercredi pour permettre aux participants des conférences de passer plus de temps sur le salon, » explique Jill Birkett.

Avec une dizaine de salles dédiées à cet usage et plus de 70 conférences donnant la parole à un panel de trois ou quatre experts, soit plus de 200 intervenants, le programme aborde un grand nombre de thèmes d’actualité dans les domaines du marketing, du commerce international, et du développement durable.

À noter cette année, une matinée consacrée à la cosmétique française, orchestrée par la Cosmetic Valley et son président, M. Alban Muller, au cours de laquelle ont été exposés le fonctionnement et les activités de ce pôle unique au monde de près entreprises 500 entreprises, universités et laboratoires. Objectif : montrer comment le « made in France » intègre les préoccupations environnementales et l’utilisation des substances naturelles.

Un marché redynamisé, très orienté prix

Si le retour de la croissance est patent après la crise, beaucoup d’entreprises et de consultants considèrent en revanche que le marché américain demeure toujours très orienté vers la recherche du meilleur prix. Même dans le secteur du luxe, les clientes sont à l’affut des opérations de promotion des ventes et des cadeaux offerts dans ces occasions.

Si, de l’avis général, la tendance écologique est à la hausse sur le marché américain, l’offre durable n’était pas aussi proéminente sur les stands des exposants, que ce que l’on peut observer lors des salons européens ou même asiatiques. Est-ce à dire que consommateurs et industriels américains demeurent peu sensibles à ces questions ? Les points de vue recueillis divergent. Les uns notent que la question des parabènes, par exemple, est ici bien moins sensible qu’en Europe. D’autres soulignent que des entreprises comme Procter & Gamble ont une véritable avance en matière d’emballages en plastique d’origine végétale.

Quoiqu’il en soit le marché se structure et se développe. Depuis quelques années, par exemple, Whole Foods Market, le spécialiste de l’alimentation biologique, propose sous l’enseigne Whole Body de vastes surfaces dédiées aux soins personnels. Sephora de son côté a créé un label « Naturally Sephora » pour identifier les produits répondant à un cahier des charges interne. Mais surtout, la certification prend son essor, avec le développement de normes américaines officielles sous l’impulsion de l’ANSI. [2] «  Nous avons certifié une centaine de produits depuis le mois de février, » explique Jacklyn Bowen, General manager de Quality Assurance International (QAI).

Les chiffres du marché ne sont d’ailleurs pas mauvais du tout. Parti avec du retard, le marché américain des cosmétiques naturels avait pâti de la récession et stagné en 2009. Mais il a fortement redémarré et vient de franchir en 2010 le seuil des 5 milliards de dollars, selon Organic Monitor, notamment sous l’impulsion des marques propres lancées par les opérateurs du mass market.