La seconde partie de la journée d’information sur la formulation sans parabènes organisée par Premium Beauty News, avec la participation de Mulon Conseil (voir synthèse de la première partie ici), a permis de faire le point sur les substances alternatives aux parabènes tout en soulignant les difficultés liées à leur mise en œuvre.

Comme le précise Stéphane Sellam, Responsable des affaires réglementaires et du service technique chez Thor, «  70% de la protection des produits cosmétiques depuis 20 ans est assuré par les parabènes ». Leur très bonne résistance à des températures élevées, leur efficacité antimicrobienne, leur relative innocuité, leur mise en formulation aisée, en ont fait des conservateurs incontournables, jusqu’à récemment.

Mais les polémiques successives ont entraîné la méfiance des consommateurs. Une tendance qui, comme l’a précisé Ev Süss, Regional Business Manager de Symrise, essaime dans toute l’Europe. «  D’une problématique initiée au Danemark il y a 6 mois, la plupart des pays Européens nous demande aujourd’hui des substituts aux parabènes. »

Les solutions alternatives nécessitent beaucoup de savoir-faire et de créativité de la part des industriels. Certaines peuvent se suffire à elles-mêmes, mais d’autres doivent être associées à des systèmes de conservation classiques ou à un packaging adapté. «  Aucune solution n’est malheureusement universelle et le travail doit se faire au cas par cas suivant le type de formule à protéger, sa nature, son pH, son mode d’utilisation, » précise Jean-Pierre Arnaud Pdg de Lucas Meyer Cosmetics.

Chaque fournisseur dispose de son mélange maison qui s’appuie sur son savoir-faire particulier. Dr Straetmans tout comme Symrise proposent des mélanges adaptés de glycols et d’alcools au spectre d’activité ainsi élargi.

Inolex, de son côté, s’est appuyé sur la technologie «  Hurdle » pour mettre au point la gamme des Spectrastat à base d’acide caprylhydroxamique. «  Notre produit a été formulé afin de créer un environnement hostile aux microorganismes, nous agissons au niveau de l’aw, du pH, de la concentration en ions métalliques et sur la membrane des microorganismes, » précise Lydia Heldermann, Sales & Marketing Manager Europe.

La société Thor, quant à elle, recommande de n’utiliser les molécules non listées qu’en complément des conservateurs classiques. C’est ainsi qu’elle a développé la gamme des Microcare MTD family formulée à partir du méthylisothiazolinone.

La question de l’innocuité

Ces alternatives aux parabènes à la fonctionnalité initiale détournée, car il s’agit soit d’émollients, soit de co-émulsionnants, de solvants, ou de molécules aromatiques, doivent présenter une innocuité avérée. Or beaucoup de molécules présentent des dossiers de toxicologie faibles, un challenge supplémentaire aux conséquences financières non négligeables.

À ce jour, seuls des tests in vivo sont disponibles pour évaluer le potentiel sensibilisant d’un produit. À l’horizon 2013, avec la fin annoncée de ces tests, des alternatives devront voir le jour. Or, comme le précise Jean-Luc Garrigue, Directeur Europe de Bioagri, «  les tests alternatifs isolés ne seront jamais capables de prendre en compte tous les événements impliqués dans les processus biologiques ».

Des matières premières aux nouveaux concepts de formulation, en passant par les packagings adaptés, tels que Irrésistible d’Aptar, et l’accompagnement possible dans cette démarche de la société Intertek spécialisée dans des batteries de tests pour qualifier les produits sans conservateur, «  chacun sollicite son cerveau cortical pour pouvoir repenser son univers » conclut Laurence Mulon.