Plusieurs études ont suggéré que l’exposition aux solvants serait particulièrement dangereuse chez la femme enceinte et pourrait être impliquée dans la survenue de malformations congénitales

Des scientifiques français de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont étudié l’exposition aux solvants d’une cohorte prospective spécialement choisie pour évaluer l’impacte de l’exposition maternelle aux solvants et le risque de malformations congénitales.

L’étude a débuté en 2002 dans trois départements bretons. En pratique, 3421 femmes enceintes ont été ont été suivies du premier trimestre de leur grossesse à l’accouchement par des gynécologues et des échographistes libéraux, jusqu’à la fin de l’année 2005. L’exposition professionnelle aux solvants au début de la grossesse a été établie sur la base des déclarations des femmes de la cohorte, et par une autre méthode d’évaluation basée sur la connaissance a priori du métier. Des caractéristiques socio-démographiques, des indications sur les styles de vie, le passé médical et les maladies intervenues durant la grossesse ont également été obtenues à partir des informations recueillies par les maternités.

L’analyse s’est limitée aux 3005 qui exerçaient une activité professionnelle et 30, 2% d’entre-elles ont déclaré une exposition vis-à-vis d’au moins un produit pouvant contenir des solvants. 21,3% des femmes en activité ont par ailleurs été classées au moins dans la catégorie d’exposition intermédiaire selon la méthode d’analyse par métiers. Les professions les plus exposées selon les deux méthodes sont les coiffeuses, les aides-soignantes et les infirmières, les travailleuses de laboratoires et les femmes de ménage.

Un lien significatif a été établi entre des malformations congénitales majeures et l’exposition maternelle aux solvants. Les résultats montrent, une relation dose-dépendante entre la fréquence de l’exposition professionnelle aux solvants au début de la grossesse et l’apparition de malformations telles que : les fentes orales (becs de lièvre), les malformations du rein et des voies urinaires et les malformations génitales du garçon.

Les auteurs de l’étude considèrent qu’il est maintenant essentiel d’identifier précisément les caractéristiques des solvants mis en cause dans ces anomalies, ainsi que les autres sources d’exposition possibles pour les professions concernées. Des analyses complémentaires sont actuellement en cours avec notamment des dosages de biomarqueurs de solvants à partir des urines prélevées chez les femmes enceintes au début de grossesse.

L’étude a été publiée dans Occupational and Environmental Medicine, une revue à comité de lecture par des pairs.