Sueli Ortega - Quelles sont les catégories qui ont affiché les meilleurs résultats en 2009 ?

Joao Carlos Basílio - Sur le marché des soins de la personne, le dentifrice est une des catégories qui peuvent être mises en avant, parce que c’est une catégorie de produits avec un fort taux de pénétration, une habitude sociétale acquise. Le taux de croissance de cette catégorie a été d’environ 8,4% en volume en 2009. L’industrie s’attendait à ce que ce segment génère une croissance équivalente à celui de la croissance de la population brésilienne - soit 1,8% ou au maximum 2%. Pourtant, en 2009 la croissance de cette catégorie a été de 8,4% en volume (17,5% en valeur), c’est-à-dire bien au-delà de la croissance de l’économie générale ou de celle de la population, pour un segment qui couvre déjà toutes les catégories sociales, c’est le signe d’un plus gros potentiel encore pour ces produits comme pour les autres.

Parmi les autres meilleures ventes, il y a les savons, avec une croissance en volume entre 15 et 18%, et un chiffre d’affaires en hausse de 27%. Nous avons remarqué que les savons liquides ont conquis les salles de bain petit à petit et s’intègrent maintenant au rituel de la douche, dans un pays où la grande référence demeure le savon solide. Les savons végétaux sont également en train d’entrer sur le marché.

En fait, tout a sa source dans l’économie. Durant les dernières années, le suif animal a été utilisé comme ingrédients du carburant pour moteurs diesels, avec pour conséquence le triplement de son prix. La différence de prix entre le suif animal et les graisses végétales solides, qui était dans un rapport de un à 10, a été réduite à un rapport de 2 ou 3.

Ainsi, le prix des savons de luxe a diminué de 3 ou 4 fois, ce qui permet la production d’un savon de très bonne qualité, avec une différentiation de formule et à un prix accessible.

Joao Carlos Basílio Da Silva, le président de l’ABIHPEC

Sueli Ortega - La chute des exportations a-t-elle conduit à des actions et des programmes de soutien au commerce extérieur ?

Joao Carlos Basílio - Ce qui s’est passé c’est que les exportations brésiliennes de produits de toilette, de parfums et de cosmétiques ont chuté de 15,5% en volume en 2009 et de 9,3% en valeur, tombant à 364 millions de dollars US.

Les exportations ont été affectées par l’évolution des taux de change - en particulier la valorisation du real par rapport au dollar.

Cependant, notre analyse est que la performance de notre secteur peut-être considérée comme très bonne. Si vous écartez les produits alimentaires et ne considérez que les biens manufacturés, la chute des exportations brésiliennes dépasse les 25%. Dans certains cas, elle atteint 40%. Notre secteur a chuté de 9,3% dans un contexte très difficile pour l’exportation des biens de consommation. C’est comme quelque chose de mauvais, mais de bon. Ce n’est pas un résultat positif, mais dans un contexte de crise très difficile pour les exportations de tous les pays, en ce qui nous concerne le résultat est très bon.

Maintenant, le côté positif de ce sujet c’est que nous avons à ce jour 42 sociétés impliquées dans un projet d’exportation et qui disposent d’une convention avec l’Apex [1], et ces sociétés ont progressé de 15%. Leurs exportations ont progressé de 15%. En d’autres mots, les sociétés qui bénéficient du soutien de l’Apex et des conseils de l’ABIHPEC ont connu de très bonnes preformances, en augmentant leurs ventes à l’étranger de 15%, pour un résultat de 92 millions de dollars US.

Sueli Ortega - Les exportations brésiliennes ont-elles été plus fortes pour le secteur en Amérique du Sud ?

Joao Carlos Basílio - Oui, mais le poids de l’Amérique du sud est plus important pour l’ensemble des exportations brésiliennes. En ce qui concerne notre industrie, la dilution est plus importante. Nous vendons dans 128 pays.

Dans cette région, les principaux clients sont l’Argentine, le Chili et le Venezuela.

Sueli Ortega - Quelles sont les performances du marché de la parfumerie ? Le Brésil occupait déjà la seconde place mondiale en 2008.

Joao Carlos Basílio - Nous nous classons au deuxième rang mondial depuis 2007. Nous avons consolidé ces chiffres en 2008 et nous nous rapprochons de la première place.

En 2008, le Brésil représentait déjà 10,7% du marché mondial. Les États-Unis étaient à 16,1%. En 2009, le poids du marché états-unien a probablement diminué alors que la contribution du Brésil devrait avoir progressé à 12 ou 13%. C’est une anticipation parce que, comme je vous l’ai dit, ces chiffres ne sont pas encore consolidés, mais je peux m’avancer jusqu’à dire que, à ce jour, nous sommes le plus grand marché mondial pour la parfumerie.

Nous avons connu une croissance de 15,72% (16% en valeur et 3,5% en volume en 2009). Si vous tenez compte de l’inflation sur cette période, environ 4,5%, cela signifie que nous avons réalisé entre 11 et 12% de croissance réelle, ce qui est bien, exceptionnel !

Sueli Ortega - Le Brésil se distingue pour la performance de son marché du capillaire. Qu’en est-il de notre contribution au marché dans ce secteur en 2009 ?

Joao Carlos Basílio - Si nous prenons la catégorie des après-shampooings, le Brésil est déjà le plus grand marché mondial depuis 2005. Cela signifie que sur 5 après-shampooings vendus dans le monde, 1 est vendu au Brésil. Si nous considérons les permanentes et les défrisants, nous sommes également le premier marché mondial depuis 2005. Si nous prenons la catégorie des teintures capillaires, nous occupons la première place depuis 2007, avec une part du marché mondial de 14% en 2008. Le volume des ventes a atteint 25 345 tonnes en 2009 et nous contribuerons certainement pour plus de 15% au marché mondial.

Sueli Ortega - Et en ce qui concerne le marché du maquillage ? Le Brésil avance-t-il à grandes enjambées ?

Joao Carlos Basílio - C’est un excellent marché, impressionnant. Au Brésil, les produits pour les ongles et les lèvres ont toujours prédominé. Mais aujourd’hui, les produits pour le visage et les yeux progressent également et les produits pour les ongles sont devenus le plus petit segment du marché du maquillage. Sur le segment des yeux, la croissance en volume a été de 30,74%, et pour le segment visage elle a été de 30,84% en volume. Actuellement, le segment des lèvres demeure le plus important dans le pays, mais le maquillage pour les yeux en est très proche et il a progressé de 26% en valeur.

Sueli Ortega - Quelles sont les prévisions de croissance pour 2010 ?

Joao Carlos Basílio - Considérez simplement que les dentifrices ont augmenté d’environ 8,4% avec le taux de pénétration le plus élevé, et que toutes les autres catégories de produit ont progressé. Je peux donc dire que l’ABIHPEC prévoit que la croissance à deux chiffres devrait se poursuivre au cours des 5 prochaines années. Il s’agit de croissance réelle, déduction faite de l’inflation. L’ABIHPEC célèbre ces 15 ans cette année et nous allons également achever notre quinzième année de croissance à deux chiffres.