Plus de 190 personnes ont assisté aux conférences plénières de la 8e édition du...

Plus de 190 personnes ont assisté aux conférences plénières de la 8e édition du congrès COSM’ING à Saint-Malo

Biomimétisme et innovation

La « bioinspiration », ou comment depuis des millénaires, la nature inspire l’homme, a été le thème récurrent de la première matinée. Parmi les exemples cités, le lierre, cette plante capable de s’agripper aux parois des murs, grâce à la fabrication d’une colle qui contient des nanoparticules. Un gramme de cette colle végétale permet de coller une tonne ! Ou encore, l’éponge Euplectella Aspergillum qui fabrique un squelette en fibres de verre ultra-flexibles, à très basse température, sous l’action d’enzymes… L’une des applications les plus connues du biomimétisme est le velcro. Il est inspiré de plantes munies de crochets qui leur permettent de faire transporter leurs graines par des animaux.

Le biomimétisme n’est pas une discipline nouvelle ; depuis 20 ans, on assiste à son déploiement. L’Allemagne, a été le premier pays à s’y intéresser et à comprendre l’intérêt d’une telle démarche. Elle reste d’ailleurs le pays de référence en la matière. Pour Kalina Raskin, DG de CEEBIOS, réseau national de compétences créé en 2004 : « La culture de la recherche en biomimétisme est plus structurée en Allemagne, les chercheurs sont très motivés et soutenus par l’état. Il existe plus d’une centaine de structures de recherche publique dans le domaine de la biomimétique, deux grands réseaux de recherche institutionnels, BIOKON et KompetenznetzBiomimetik (KN), parmi les plus importants au monde. C’est aussi le pays qui a motivé la rédaction d’une norme ISO TC 266 ISO 18458. La Suisse est également très active. Quant à la France, elle a des atouts grâce à la biodiversité issue de ses territoires. Le problème de transfert de la connaissance de la biologie vers les industriels reste cependant un frein ».

En France, dès 2007, le biomimétisme est évoqué comme figure de la prochaine révolution industrielle. En juillet 2018, à la demande du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, le CEEBIOS a réalisé un rapport sur l’état des lieux du biomimétisme en France [1]. Et demain, un label du biomimétisme ?

Biotechnologie et bio-production

La suite du congrès a dévoilé tout le spectre des possibilités d’application des biotechnologies dans le domaine cosmétique et toutes les nouvelles disciplines qu’il faudra maîtriser à l’avenir : traitement des big data, screening haute densité, impression 4D de tissus imprégnés de bactéries, sciences-omiques…

De nombreux acteurs, fournisseurs ou marques cosmétiques, s’inspirent de la nature pour produire des actifs ou développer des technologies. Pierre Fabre et Yves Rocher ont mis en place des démarches d’écoconception pour produire des molécules innovantes. Deinove explore le potentiel des souches extrémophiles pour se constituer une banque de données unique (6000 souches) afin de produire des molécules à haute valeur ajoutée comme le caroténoïde pur et incolore. En 2018, une collaboration avec la société Greentech a conduit à la mise sur le marché de l’actif anti-âge et protecteur Hebelys. Un futur lancement est prévu en 2019 avec Oléos (Groupe Hallstar) pour de nouveaux oléo-actifs. La société Evonik a récemment obtenu le 1er prix à in-cosmetics, pour ses glycolipides 100% biodégradables, obtenus par fermentation, à partir de bactéries modifiées. Ce domaine de la recherche sur les biosurfactants, est en ébullition depuis les années 2000, avec un nombre de publications et de dépôts de brevets qui a littéralement explosé. L’Allemagne est le pays leader, suivi des États Unis et de l’Asie et Henkel, le plus gros déposant de brevets sur le sujet.

Enfin, Saint Malo oblige, les biotechnologies marines ont été largement mises à l’honneur (Biotechmarine, Station biologique de Roscoff, Lessonia, Agrimer, Greensea…). Le CBB Capbiotek, organisateur de ce congrès, contribue ainsi au développement économique de la région Bretagne, avec la mise en avant de sociétés bretonnes qui innovent grâce aux biotechnologies. Ainsi, Codif International a développé une méthode de criblage dite supervisée afin d’identifier des voies biologiques inexplorées en cosmétique. Le laboratoire Biogenouest a travaillé à l’automatisation du traitement de données métabolomiques, l’enjeu étant le traitement de ces big data. La plateforme Workflow4metabolomics.org permet de construire, exécuter et partager des flux de données en ligne.

La parfumerie s’intéresse également à la production de nouvelles molécules de plus en plus renouvelables et biodégradables afin de garantir aux parfumeurs, une palette diversifiée. Cette bioéconomie est devenue un domaine d’intérêt pour la parfumerie et les arômes.

À travers toutes ces conférences, on comprend bien les enjeux pour les industriels de la beauté, du formidable potentiel que représente les biotechnologies. Qu’elles soient d’origine marine ou pas, elles sont une alternative à notre passé industriel pour un futur plus écologique, en phase avec les attentes de la société.