Stephen Weller, IFRA

Premium Beauty News - Pouvez-vous nous faire un rapide portrait des missions de l’IFRA ?

Stephen Weller - C’est une chose à peu près universellement reconnue que les associations professionnelles assurent la pomotion, la protection et le soutien des professionnels du secteur qu’elles ont la mission de servir. Dans le cas de l’IFRA, nous n’avons pas seulement pour rôle de promouvoir l’industrie, mais aussi celui de la réguler. Cette approche volontariste nous place dans une situation difficile et elle conduit à des incompréhensions sur ce que nous faisons réellement.

Premium Beauty News - Même au sein de l’industrie ?

Stephen Weller - D’un côté, ceux qui connaissent bien l’IFRA, ou en sont membres, comprennent combien l’organisation travaille dur pour défendre l’industrie et garantir une utilisation sûre et appréciable des parfums. D’un autre côté, il y a ceux qui croient que, loin de défendre les intérêts de l’industrie, l’IFRA méprise l’alchimie du savoir-faire du parfumeur en interdisant et en limitant l’utilisation de certains matériaux.

Premium Beauty News - En fait, certains parfumeurs semblent considérer que l’on va trop loin. Ils estiment des solutions, moins contraignantes que l’interdiction, pourraient permettre d’obtenir des résultats équivalents en terme de sécurité des consommateurs.

Stephen Weller - En réalité, l’IFRA a produit des résultats très positifs. Loin d’interdire certains matériaux, l’IFRA les a en fait protégés contre des interdictions potentielles.

Un matériau comme la mousse de chêne aurait disparu si l’IFRA n’avait pas existé. L’Union européenne l’aurait interdit. En fait, grâce au travail de l’IFRA, beaucoup de matériaux demeurent peuvent encore être utilisés parmi une palette de plus de 3000 substances que les parfumeurs peuvent mettre au service de leur activité créative.

Il y a des restrictions d’utilisation pour certaines substances, mais elles sont justifiées par l’objectif de garantir à chacun la possibilité de profiter des parfums en toute sécurité.

Premium Beauty News - Pouvez-vous nous décrire le système d’autorégulation de l’IFRA ?

Stephen Weller - Il est important de comprendre le contexte réglementaire dans lequel évoluent tous les fabricants de biens de consommation, pas seulement l’industrie des parfums. Le Comité scientifique de sécurité des consommateurs (Scientific Committee for Consumer Safety – SCCS), qui est chargé de conseiller la Commission européenne, ainsi que les autres constituantes de l’Union européenne, peuvent parfois recevoir des délégations de groupes de pression, avec notamment des allergologues et des dermatologues, proposant, par exemple, l’interdiction ou la restriction de matériaux parfumants. Quand cela se produit, l’IFRA et l’Institut de recherche sur les matériaux parfumants (Research Institute for Fragrance Materials - RIFM) réétudient les données sur ces substances, rassemblent les points de vue des parfumeurs et constitue un groupe pour évaluer la situation. Si cet examen des données d’innocuité donne des résultats, alors des études détaillées sont entreprises pour déterminer le seuil de basculement et établir le niveau auquel la substance peut être utilisée sans risque par la plupart des gens, tout en conservant un profil olfactif satisfaisant.

Le Comité Scientifique de l’IFRA réétudie ensuite les résultats de cette recherche, fait des recommandations et publie une norme IFRA. L’IFRA établit des recommandations en vue d’un usage sûr.

Premium Beauty News - Un reproche que l’on entend parfois, est que l’IFRA ferait le jeu des grands groupes chimiques en interdisant des substances naturelles.

Stephen Weller - Ce qui fait de l’IFRA une organisation forte et respectée, c’est qu’elle ouvre la route en publiant des normes basées sur de pointilleuses recherches. Les normes IFRA, qui recommandent de limiter les usages à certains niveaux, ne sont pas de simples lignes directrices. Elles ont un caractère obligatoire pour les membres de l’IFRA.

Les avantages en sont évidents - pour les consommateurs, les détaillants, les fabricants - tout au long de la chaîne d’approvisionnement et d’utilisation. Quand un membre de l’IFRA développe un parfum, il est réputé sûr dans toute l’Europe et au-delà.

Pour les marques mondiales c’est d’une importance considérable, avec des conséquences très positives. Cela signifie aussi que les opérateurs et les marques les plus petits demeurent assurer de l’innocuité de leurs produits au niveau des matériaux parfumants lorsqu’ils se conforment aux normes.

Pour les consommateurs et les professionnels de la santé c’est la garantie que les normes très sûres sont respectées.

Et finalement, pour les parfumeurs, compte tenu de leur créativité, une restriction ne devrait pas avoir d’effet modérateur, on peut au contraire s’attendre à ce qu’elle les incite à faire ce qu’ils font le mieux. Tous les parfumeurs apprécient les défis créatifs et devraient pouvoir les relever en toute sécurité en utilisant les matériaux issues de la palette de 3000 substances dont certaines, sans l’intervention de l’IFRA, auraient été purement et simplement mises de côté pour toujours.

Loin d’être le fossoyeur de l’art du parfumeur, l’IFRA est davantage son champion et son protecteur. L’IFRA contribue à garantir que ce merveilleux processus de création puisse continuer à être apprécié à la fois par les parfumeurs et par ceux dont les vies sont embellies par la jouissance en toute sécurité des parfums, qu’ils se trouvent dans des produits de parfumerie fine ou dans des produits ménagers courants.

Voici quelques exemples de matériaux qui auraient pu être interdits [1] par les autorités si l’IFRA n’était pas intervenue :

 L’anthranilate diméthyl
 Furfural
 Furocoumarines (affectant toutes les huiles d’agrumes contenant des niveaux élevés de furocoumarines)
 Lyral
 Mousse de Chêne
 Tagette
 Mousse d’arbre (affectée au même titre que la mousse de chêne)
 Verbena absolute
 Vetiveryl acetate