La plupart des Britanniques concernés

Le Royaume-Uni n’est pas l’écart de la propagation de l’austérité économique qui frappe l’Europe et se prépare à une nouvelle année de coupes budgétaires. Dans ce contexte, les économies sont à la mode outre-manche avec neuf Britanniques sur dix (89%) cherchant maintenant à contraindre leur budget, indique une récente étude de Mintel [1]. « Nombreux sont ceux pour qui les économies sont devenues une partie du quotidien et il semble les Britanniques les plus riches s’y mettent aussi, » explique la société d’études.

Ina Mitskavets, Mintel

L’étude de Mintel montre que près de la moitié (44%) des Britanniques cherchent à faire des économies, davantage que l’année dernière à la même période. Aujourd’hui, quasiment neuf Britanniques sur dix (89%) font leurs achats en faisant attention leur budget, et 9% ne restreignent pas leur budget mais gardent un œil sur ce qu’ils dépensent. En effet, et c’est emblématique de l’impact de la récession sur le Royaume-Uni, seuls 2% des Britanniques disent ne pas se soucier de leur budget ou du suivi de leurs dépenses.

Les familles sont le groupe le plus concerné, avec près de la moitié (48%) des parents déclarant avoir un budget plus serré l’année précédente. De même, il semble que les femmes britanniques soient les acheteurs les plus avisés - près d’une sur deux (49%) indiquant faire d’avantage attention à leurs dépenses que l’année dernière, à comparer à moins de quatre hommes sur dix (39%).

«  Le ralentissement économique des dernières années a changé les habitudes de dépenses au Royaume-Uni. Nous sommes passés d’un peuple d’emprunteurs dépensiers à un peuple d’épargnants et de clients avertis. Les rappels constants de l’état désastreux de l’économie britannique, combinés à la vision de ce qui s’est produit en Europe au cours des dernières années, font que limitation des dépenses, épargne et remises sont maintenant des mots ancrés dans la psyché des consommateurs,  » affirme Ina Mitskavets, Senior Consumer and Lifestyles Analyst chez Mintel.

Les consommateurs aisés aussi

L’étude de Mintel révèle également que les consommateurs disposant de hauts revenus (ceux qui gagnent 50.000 livres ou plus) sont susceptibles de prendre en marche « le train de l’austérité » - puisque 90% des hauts revenus déclarent restreindre leurs dépenses. Aujourd’hui, les hauts revenus sont particulièrement avisés lors de leurs achats, ouvrant la voie dans l’utilisation des rabais et des offres spéciales lors de leurs achats. En effet, alors que 70% de l’ensemble des consommateurs utilisent les remises en magasins du type « deux-pour-le-prix-d’un  », ce chiffre monte à 73% parmi les hauts revenus. Les récompenses et les cartes de fidélité sont utilisées par une moyenne de 66% des Britanniques, là encore ce chiffre monte à 75% parmi les personnes à hauts revenus. Enfin, les rabais sur le total des achats sont utilisés par une moyenne de 52% des Britanniques contre environ 59% des personnes à revenus élevés.

« Dans une période d’incertitudes économiques, même les consommateurs les plus aisés se montrent plus prudents à l’égard de leurs finances. Surveiller son budget est devenu une habitude bien ancrée, chacun semble réticent à afficher son argent et semble au contraire se prévaloir de se montrer financièrement plus prudent que par le passé. La hausse des frais de garde d’enfants, couplée à des mesures d’austérité telles que la suppression pour les salariés à revenus moyens et élevés des crédits d’impôt liés aux enfants et des allocations familiales, indiquent que la pression devrait devenir encore plus forte pour les familles,  » poursuit Ina Mitskavets.

Pas seulement pour joindre les deux bouts

Environ sept adultes sur dix (70%) ont utilisé des rabais, du type « deux-pour-le-prix-d’un » au cours des six derniers mois. Dans le même temps, deux tiers (66%) des acheteurs ont opté pour les cadeaux ou les programmes de fidélisation, tandis que deux consommateurs sur deux (52%) ont bénéficié de rabais sur le total de leurs achats. Les coupons sur Internet (32%) et dans les magazines (29%) sont les moyens les plus populaires chez les consommateurs pour faire des économies lors de leurs achats. Au cours des six derniers mois, un peu moins de la moitié (44%) de l’ensemble des utilisateurs de bons de réduction les ont utilisés pour acheter des vêtements et des accessoires et 38% ont profité des offres spéciales pour sortir au restaurant ou acheter des provisions.

«  Cela montre que les gens s’efforcent de tirer sur leur budget non seulement pour réussir à joindre les deux bouts, mais aussi pour s’offrir de petits plaisirs,  » explique Ina Mitskavets.

« Le marché a bien réagi à la demande de prix bas de la part des consommateurs. Cependant, alors que les consommateurs deviennent de plus en plus avertis, les détaillants devront regarder au-delà du niveau des prix s’ils veulent conserver des clients qui sont de plus en plus sélectifs et moins fidèle aux marques,  » conclut-elle.