Savons, gels douche, dentifrices, déodorants, bains de bouche, crèmes hydratantes, produits contre l’acné, crèmes de rasage : le triclosan est si répandu qu’il se retrouve dans les urines de la plupart des consommateurs. Une étude menée entre 2003 et 2004 aux États-Unis a en effet montré qu’il était présent dans l’urine de 75% des individus testés.

Des années de controverses

L’impact du triclosan sur la santé humaine est un sujet de controverses depuis de nombreuses années. Soupçonné d’être un pertubateur endocrinien, le triclosan a également été accusé de déséquilibrer l’équilibre du microbiome humain et de contribuer à la résistance microbienne et même de favoriser les allergies.

Les flores intestinales et buccales seraient très peu modifiées au contact du triclosan contenu dans les cosmétiques et produits d’hygiène. - photo : © CandyBox Images / Shutterstock.com

En 2014, La Commission européenne a demandé l’interdiction du triclosan dans tous les produits de rasage comme les mousses à partir du 30 octobre 2014, les considérant particulièrement à risque : en cas de microcoupures, la pénétration du triclosan dans l’organisme est facilitée. En 2013, les autorités sanitaires américaines ont, quant à elles, exigé des fabricants de savons contenant des antibactériens synthétiques comme le triclosan de démontrer l’efficacité et l’innocuité de leurs produits, largement utilisés aux États-Unis et ailleurs.

Nouvelle étude

Des chercheurs américains [1] viennent de constater que les personnes exposées au triclosan via des produits cosmétiques du quotidien ne subissaient aucun dommage au niveau du microbiote intestinal et du système endocrinien, contrairement aux conclusions de précédentes études datant de 2012 effectuées sur des souris qui pointaient cette substance du doigt pour ses effets délétères sur le système reproducteur et endocrinien, musculaire, immunitaire avec des allergies respiratoires et alimentaires, et son action de résistance aux antibiotiques.

« De nombreuses personnes ont peur du triclosan, mais nous notre étude ne nous a pas permis de découvrir quoique ce soit susceptible de conforter cette inquiétude,  » explique Julie Parsonnet, professeur à la faculté de médecine de Stanford et auteur principal de l’étude. « La plupart des antibiotiques ingérés par les humains sont de véritables bombes atomiques pour le microbiote, mais nous n’avons rien trouvé de semblable lorsque les gens sont exposés au triclosan via l’utilisation normale de produits ménagers, il ne cause pas de dégâts majeurs dans notre écosystème microbien.  »

Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont suivi pendant quatre mois 13 personnes en bonne santé qui ont exclu tout produit cosmétique et ménager contenant du triclosan. Puis, à l’issue de la période, ils ont été invités à les utiliser à nouveau pendant quatre mois. Des prélèvements sanguins, selles et de salives ont été effectués pour analyser la composition du microbiote.

D’après les résultats, même si le triclosan se retrouve massivement dans les urines des participants lors des phases d’usage de produits en contenant, les flores intestinales et buccales sont très peu modifiées. C’est le cas également des marqueurs endocriniens et ceux du métabolisme.

Bien que cette étude soit limitée par le nombre réduit de personnes et l’imprécision du mode d’exposition aux produits ménagers et cosmétiques, les auteurs considèrent que le triclosan dans le cadre de ce type d’exposition n’a pas d’impact physiologique significatif ou important sur la structure du microbiome buccal ou intestinal ni sur l’échantillon de marqueurs métaboliques considérés.

Pour consulter l’étude : mSphere