Pour l’élite havanaise la beauté du corps devient une valeur de plus en plus importante. « La mode de paraître en forme est arrivée sur le tard ici », explique Armando Yera, 56 ans, propriétaire d’un modeste gymnase à La Havane, très prisé par les people cubains.

Il n’existe pas de chiffres disponibles sur le nombre de salles de sport à La Havane, mais on en compte plusieurs dizaines dans le seul centre-ville et l’afflux de la clientèle illustre l’essor de ce marché. © AFP Photo / Adalberto Roque

Armando a obtenu un statut pour son gymnase à la faveur de la légalisation récente du travail indépendant et se vante d’entraîner désormais «  la majorité des présentateurs de la télévision » - qui, selon lui, ressentent une «  pression pour se maintenir en forme  ».

Il n’existe pas de chiffres disponibles sur le nombre de salles de sport à La Havane, mais on en compte plusieurs dizaines dans le seul centre-ville et l’afflux de la clientèle illustre l’essor de ce marché. En 16 ans, Armando est passé de 20 à 80 clients qui s’acquittent d’un abonnement mensuel de 30 dollars, une somme coquette dans une île où le salaire moyen est d’environ 25 dollars.

Paradoxalement, ce sont les médias publics qui ont donné l’impulsion décisive aux affaires d’Armando. Invité dans une émission télévisée sur le thème de la santé, il a débarqué sur le plateau accompagné d’une de ses clientes et a montré aux caméras les photos « avant et après » de celle-ci. Il s’est ensuivi un engouement spectaculaire pour son gymnase, notamment parmi les people locaux, contribuant à la réputation de modeleur de corps d’Armando, qui aujourd’hui prodigue ses conseils sur les médias publics.

Habitué du gymnase, Dayron Delgado, imposant gaillard de 30 ans, s’adonne aussi au culturisme de compétition et parvient à joindre les deux bouts en donnant des cours et en recevant une aide familiale de l’étranger. Aujourd’hui, explique-t-il « les gens vont au gymnase parce qu’ils se préoccupent davantage de la question esthétique et de leur santé  ».

Car Cuba n’est pas épargné par le problème du surpoids, 44,3% de ses 11 millions d’habitants accusant des kilos en trop.

Toutefois, les adeptes du gymnase sont en majorité des jeunes en bonne santé qui « cherchent à répondre à un modèle » véhiculé par les médias et internet.