L’essence de rose bulgare est une huile essentielle obtenue par distillation des pétales de la variété Rosa Damascena. Les caractéristiques distinctives de la l’essence de rose bulgare sont un arôme riche et durable, une couleur jaune-vert pâle, ainsi qu’une composition équilibrée en composés volatils et hydrocarbonés. Depuis octobre 2014, une indication d’origine protégée (IGP) reconnaît que ces caractéristiques sont étroitement liées à la zone géographique concernée et que cela la différentie des autres essences de rose.

La qualité de l’essence de rose de Bulgarie est également garantie par des exigences particulières concernant le traitement des pétales au cours des 10-12 heures suivant la cueillette. De plus, la cueillette des fleurs doit être effectuée très tôt le matin et seuls les bourgeons ouverts doivent être récoltés.

C’est la certification du produit auprès d’un laboratoire italien qui permet désormais de le vendre dans l’UE sous le nom d’"essence de rose bulgare". © AFP Photo / Dimitar Dilkoff

« Les fleurs doivent être cueillies tant que la rosée les recouvre. C’est là qu’elles ont le meilleur rendement  », explique Totka Hristova, une ouvrière saisonnière âgée rencontrée à Tarnitchane, un village du sud de la chaîne des Balkans. « Nous ne cueillons que les roses bien ouvertes, qui sont celles qui produisent le plus d’huile essentielle, les autres seront cueillies demain, » ajoute-t-elle. Environ 3500 kg de pétales sont nécessaires pour produire 1 kg d’essence.

1500 kilogrammes par an

La Bulgarie et la Turquie voisine sont les deux plus grands producteurs mondiaux d’huile essentielle de rose, devançant l’Iran, le Maroc, l’Inde et la Chine. Le climat tempéré et les sols alluviaux du sud des Balkans favorisent la culture de la variété Rosa Damascena, qui serait originaire de Perse.

La technique d’extraction est pratiquement inchangée depuis l’époque de l’Empire Ottoman au 17e siècle. À peine récoltées, les fleurs sont apportées aux distilleries, où on les fait bouillir. La vapeur est alors condensée, puis distillée de nouveau pour obtenir l’huile essentielle.

La production annuelle bulgare de 1.500 kg d’essence provient ainsi de 5,25 tonnes de pétales cultivées sur 3.800 hectares, dont la plupart dans la région de Kazanlak, surnommée la Vallée des Roses.

Indication géographique protégée

Les principaux clients de l’essence de rose bulgare sont des maisons de parfums en Europe, aux États-Unis et au Japon. Un intérêt croissant est enregistré de la part de clients asiatiques, notamment en Chine. Il n’existe pas d’alternative synthétique à l’essence de rose et ses 370 composants naturels.

Rançon du succès, ce trésor intéresse de nombreux concurrents et parfois faussaires. Pour les combattre, la Bulgarie a obtenu en octobre 2014, après neuf ans de procédure, une indication géographique protégée (IGP) délivrée par la Commission européenne. C’est la certification du produit auprès d’un laboratoire italien qui permet désormais de le vendre dans l’UE sous le nom d’« essence de rose bulgare  ».

Le certificat garantit notamment que le producteur a utilisé des pétales d’une région traditionnelle bulgare de culture de roses, qu’il a strictement respecté la technique de distillation et que le produit possède les caractéristiques chimiques et physiques de l’huile essentielle de rose bulgare.

L’obtention du label «  est un succès énorme » qui permettra aux horticulteurs bulgares de maintenir la qualité de leur produit, se félicite Philip Lissitcharov, un des grands producteurs qui a relancé la première distillerie du pays, construite en 1909 à Tarnitchane par son arrière-grand-père.

Pour les clients de la Vallée des Roses, « ce sera une garantie supplémentaire de la qualité et de l’authenticité du produit », se réjouit aussi Uliana Ognianova de la société Bulattars, un autre grand exportateur.