Matthieu Bourgeois

En raison de la saturation du nombre de noms de domaine enregistrés et afin de mieux structurer le réseau internet, l’ICANN [1] a décidé de la création de trois nouvelles catégories d’extensions (en fait de domaines de premier niveau) :

 des extensions « géographiques » (.paris, .london…) ;
 des extensions « génériques » correspondant à des marques déposées (.marque) ;
 des extensions « génériques » correspondant à un domaine d’activité (par exemple .beauty, .book ...).

Une "extension" correspond à la dernière partie d’un nom de domaine, par exemple le ".com" ou le ".fr"...

Il existe environ 220 « extensions géographiques », c’est à dire correspondant à un pays (.fr pour la France, .uk pour le Royaume-Uni...) et gérées chacune par un office d’enregistrement du pays (l’AFNIC pour le .fr), et environ 20 "extensions génériques", c’est à dire correspondant à un sigle général d’activité (.com pour les entités commerciales, .org pour les associations...), et gérées chacune par un office d’enregistrement (Verisign pour le .com).

Simplifications possibles

En théorie, de nombreux avantages sont à attendre de cette ouverture comme, par exemple, la rationalisation du portefeuille de noms existants (la création d’une extension générique permettant d’abandonner certains noms de domaine enregistrés dans différentes extensions), la valorisation des actifs incorporels dans l’entreprise (possibilité de commercialiser des licences pour des sous-noms de domaine).

Depuis juin 2012, près de 2000 demandes d’extensions ont été enregistrées (Google, sous le prête-nom Charleston Road Registry, a candidaté pour environ 100 demandes dont .free, .book, .buy, .music ; Amazon a candidaté pour 76 demandes dont .deal, .music, .cloud, .game ; Microsoft pour 11 demandes qui visent essentiellement ses marques comme .office, .windows, .live, .bing …).

Foire d’empoigne autour des génériques

C’est la catégorie des « extensions » génériques qui soulève des difficultés, car, alors que jusqu’à présent les « extensions » existantes étaient gérées par des offices d’enregistrement constitués d’entités à but non lucratif (cas de l’AFNIC pour le .fr) ou d’entreprises fournisseurs d’infrastructures informatiques neutres et déconnectées des autres secteurs économiques (la société VERISIGN pour le « .com »), l’ICANN a ici ouvert l’attribution de ces nouvelles extensions génériques à tout type d’opérateur privé, y compris des entreprises occupant une position dans le secteur d’activité donnant son nom a l’extension.

C’est ainsi que, dans le secteur de la beauté, le groupe L’Oréal a pu candidater, aux côtés d’autres sociétés, à l’attribution des nouvelles extensions .beauty, .hair, .makeup, .skin et .salon.

Or, la crainte légitime des autres opérateurs du secteur réside dans le fait que l’attributaire de ces nouvelles « extensions » pourrait ensuite avoir la possibilité de refuser, dans certains cas et selon des critères qui ne sont pas encore clairs, l’octroi de noms de domaines à ses concurrents du secteur. C’est ainsi que plusieurs entreprises ont émis des objections à l’encontre de certaines candidatures pour obtenir l’attribution de ces nouvelles « extensions ».

L’ICANN doit prochainement statuer sur ces nouvelles extensions, en principe dans le courant de l’année 2013.

Ce sujet sera traité plus en détail lors de la prochaine réunion du BeautyFULL Club le 17 avril prochain lors d’un petit déjeuner sur le thème :

"E-Commerce et Beauté : Un nouveau paysage juridique"

Deux thèmes seront traités à cette occasion :

 "Produits vendus en ligne et Distribution Sélective : Un cadre juridique renforcé !"

 "Ouverture des nouvelles extensions pour les noms de Domaine : Quelles conséquences ?"

Pour vous inscrire et pour plus de renseignements : contact@beautyfullclub.com