«  L’innovation dans les lipides est un des challenges majeurs pour l’industrie cosmétique face aux demandes croissantes des consommateurs pour plus d’écoresponsabilité, de sécurité et d’efficacité dans les produits », souligne Carine Alfos de l’Iterg, Institut des Corps Gras basé à Canejean.

Des solvants verts à l’efficacité augmentée

L’utilisation des lipides comme solvants d’extraction est ancestrale puisque les Égyptiens, les Grecs, les Chinois avaient déjà recours à cette fonctionnalité. « L’essor de la pétrochimie au 19e et 20e siècle a détourné l’attention des lipides au profit de meilleurs rendements. Depuis plusieurs années on note un regain d’intérêt pour les solvants verts et notre laboratoire s’intéresse à potentialiser l’efficacité des huiles en travaillant sur des techniques d’extraction en couplage par exemple avec les ultra-sons, les micro-ondes », explique Farid Chemat professeur à l’Université d’Avignon et fondateur d’une association européenne sur la green extraction. De son côté, Olivier Diat du CEA Marcoule travaille sur l’augmentation des rendements d’extraction en s’intéressant à l’organisation des huiles à l’échelle supramoléculaire.

De multiples sources de lipides

Les sources de composés lipidiques sont nombreuses et permettent dans certains cas de valoriser des coproduits d’autres industries. L’université de Limoges s’intéresse aux marcs de fruits rouges issus de l’industrie des confitures et utilise les biotechnologies pour en extraire les composés lipidiques. « Chaque année, la société Andros produit 130t de marc de fruits rouges qui contiennent entre 30 et 50% de composés lipophiles  », explique Naima Saad. Biolie qui a fait du craquage enzymatique à partir de sous-produits l’identité de l’entreprise et a développé une gamme de colorants lipophiles à partir des écarts de tri de carottes, tomates, concombres, curcuma … « L’intérêt des produits est double car en plus de la couleur, ils présentent une activité biologique élevée. Nous avons par exemple sept fois plus de béta-carotène dans l’huile obtenue à partir d’enzymes », précise-t-elle.

Les concepts de bioraffinerie prennent alors sens et ouvrent la voie vers de nouvelles utilisations des huiles, de nouvelles applications sont possibles. La problématique du coût d’obtention de ces produits peut alors se justifier.

Des récompenses pour la recherche

En marge du congrès, trois prix ont été décernés. Le prix du jeune chercheur remis par l’Iterg à Valentin Goussard de l’école de physique chimie de Lille, le prix spécial du jury remis pour les entreprises situées en région Nouvelle Aquitaine à Pascale Subra-Paternault des laboratoires CBMN. Le prix de la meilleure innovation remis par la société Idea à Sophie Leclere-Bienfait des laboratoires Expanscience pour leur actif Passioline®. Issu de la co-valorisation de l’industrie péruvienne du jus de fruit, Passioline est un concentré de molécules précieuses d’huile vierge de Maracuja obtenu par distillation moléculaire. [1]