Avec 7,7 milliards d’euros investis en France en 2014 (+60%), le marché des commerces a connu la meilleure année de son histoire et pulvérisé son précédent record de 2007, selon les chiffres communiqués hier par le leader mondial de l’immobilier d’entreprise Cushman & Wakefield. Ce résultat exceptionnel tient plus à la multiplication des grandes transactions qu’à une forte progression de leur nombre, encore loin des records historiques. Elle s’explique également par une polarisation du marché sur les meilleurs emplacements.

« La transformation des modes d’achat et le développement rapide de nouveaux entrants étrangers incitent nombre d’acteurs à réviser leur positionnement et à poursuivre leur expansion. Alors que la consommation des ménages n’en finit pas de stagner, leurs projets de création ou de rénovation s’accompagnent toutefois d’importants mouvements de rationalisation. Privilégiant les sites et emplacements qui leur assurent une visibilité optimale, une forte fréquentation ou le meilleur rapport qualité-prix, la plupart des enseignes multiplient ainsi les transferts et n’hésitent pas à fermer leurs magasins les moins performants. Prolongeant une tendance observée depuis quelques années, la polarisation du marché immobilier des commerces s’est donc accentuée en 2014, contribuant à durcir les conditions de négociation entre bailleurs et enseignes,  » explique l’entreprise.

En 2014, les principales artères commerçantes de Paris et des grandes métropoles ont donc continué à faire l’objet d’une demande soutenue. Plusieurs enseignes internationales, comme Kiko, Calzedonia ou H&M, ont notamment contribué à animer le marché.

Ralentissement du luxe parisien ?

En ce qui concerne le segment spécifique du luxe, l’évolution du contexte économique a, selon Cushman & Wakefield, limité le nombre de nouveaux entrants en 2014 et incité les enseignes de luxe à rationaliser leur réseau de boutiques. Une part importante des projets recensés en 2014 dans le cœur historique du luxe parisien ont ainsi porté sur des opérations de transfert, de rénovation ou de repositionnement.

Source : Cushman & Wakefield France

Les mouvements de création devraient toutefois demeurer nombreux en 2015, à l’exemple des ouvertures annoncées rue Saint-Honoré (Alexander McQueen, Tory Burch) ou de l’émergence d’un pôle luxe dans Le Marais, avec l’installation de quatre grands noms au bas de la rue des Archives (Moncler, Gucci, Givenchy, Fendi) et le repositionnement du BHV. « Le Marais est très attractif car le quartier est ouvert le dimanche, concentre une population au pouvoir d’achat croissant et reçoit de nombreux touristes. C’est un peu le même type de mécanisme qui fait actuellement le succès du Meatpacking district à New York, » souligne Christian Dubois, Directeur Général Commerce, chez Cushman & Wakefiled France.

Pour 2015, le spécialiste de l’immobilier d’entreprise prévoit une poursuite de la polarisation du marché. « Les prochains mois seront surtout défavorables aux marchés secondaires qui, souffrant de la poursuite des arbitrages des enseignes, continueront de voir leur taux de vacance augmenter. Si les principales artères commerçantes susciteront la convoitise, l’activité pourrait toutefois y être pénalisée par la hausse des valeurs dans certaines villes et le nombre très limité d’opportunités de qualité. » Cushman & Wakefiled estime aussi que la montée en gamme des ensembles commerciaux devrait se poursuivre, ainsi que la diversification de leurs positionnements. Enfin, après une année 2014 assez calme, la production de nouveaux m2 de commerces devrait être stable voire en baisse en 2015.