L’alliage tire son nom (zamak ou zamac) de sa composition, constituée à 95% de Zinc, matière disponible en abondance à partir d’une extraction à faible émission de CO2, d’Aluminium pour 4% puis de MAgnésium et de Cuivre (Kupfer, en allemand). Souvent méconnu du public, le zamak est pourtant un matériau du quotidien des consommateurs que l’on retrouve dans différents domaines d’application tels que l’automobile, la quincaillerie ou la robinetterie. En cosmétique et parfum, il est utilisé pour la création de capots ou d’éléments de décors de flacons, apprécié pour sa résistance, la possibilité de formes complexes mais également pour son toucher froid et sa densité, concordant avec les codes du luxe.

Filière de recyclage niche

Principalement composé de zinc, le zamak est – à l’instar de ce métal très largement utilisé –infiniment réutilisable en fin de vie, sans pertes de propriétés. Mais comme tout matériau, il doit être collecté pour intégrer une filière de recyclage.

Leader des capots en zamak pour l’industrie du parfum, l’entreprise TNT Group souhaite aujourd’hui accélérer cette démarche de circularité. Le fabricant s’est donc rapproché du groupe REAZN, leader européen du zamak recyclé. « REAZN achète du zamak collecté pour fabriquer du zamak recyclé. Nos produits, même galvanisés ou dotés d’un insert en plastique, peuvent être recyclés sans problème. Donc nous nous sommes demandé comment alimenter REAZN en capots en zamak ? », explique Thomas Diezinger, Président de TNT Group. Avec l’appui du réseau CEDRE de récupération des flacons de parfum vides au sein des enseignes Sephora, cinq tonnes de zamak ont pu être ainsi récupérées et transformées en lingots recyclés. « Avec CEDRE, le groupe Nordechets récupère en général le verre des flacons et le fond d’alcool, le reste est incinéré. Nous avons pu cette fois ajouter le zamak à la collecte, et ce qui était un coût – car il fallait gérer son élimination — est devenu une ressource valorisée par REAZN », commente Thomas Diezinger.

La fiabilité des filières existantes

Mais on le sait, tous les flacons de parfums ne sont pas retournés en boutique pour être collectés et intégrés dans des circuits spécialisés de recyclage. Pour le consommateur, l’autre solution est de placer l’emballage du produit en fin de vie — éléments de décoration et capots inclus — dans la poubelle de tri adaptée. Afin de connaître le destin des pièces en zamak intégrant le flux des déchets ménagers, l’entreprise Metapack, également spécialisée dans la conception d’emballages, boitiers et capots haut de gamme en zamak pour l’industrie de la beauté, s’est employée à suivre leur parcours dans les centres de tri.

Avec l’aide de la société Derichbourg, l’équipe a pu constater la captation par courant de Foucault de 90% des pièces en zamak lorsqu’elles sont seules dans le processus de tri, et de 77% lorsqu’elles sont mêlées à d’autres éléments. À noter que la forme et la taille de l’objet ont un impact sur la détection, les articles longs comme les vapos sont mieux sélectionnés et récupérés (entre 95 et 100%), alors que les articles ronds, pouvant rouler dans les convoyeurs, ne le sont qu’à 40%.

« Il est important de noter que le zamak se détecte bien dans les filières existantes. Cela ouvre la voie à la possibilité d’un recyclage », indique Annette Der Minassian, PDG de Metapack.

L’analyse du cycle de vie

Enfin, PVL Beauté, fabricant de packaging de luxe, s’est de son côté penché sur les données permettant l’analyse de cycle de vie d’un produit doté d’un élément en zamak. L’entreprise a ainsi pu constater que les outils d’analyse d’impact environnemental à disposition, Spice par Quantis ou Bee par Citeo, ne sont pas correctement renseignés, notamment sur les grades de zamak et sur le process associé. Partant de données approximatives, l’ACV ne peut être représentatif.

« Notre objectif est d’aider au mieux Quantis et Citeo à renseigner au mieux leurs bases de données, afin d’éviter une mauvaise note par défaut. C’est en cours auprès des organismes concernés mais nous n’en sommes qu’au début » indique Jean Stanislas Orlowski, PDG de PVL Beauté.

Si plusieurs inconnues demeurent, le premier bilan esquissé montre des résultats plus qu’encourageants. Collecté dans des filières spécialisées, le zamak intègre facilement les circuits de recyclage. Dans le flux des déchets domestiques, il peut être trié avec l’ensemble des métaux non ferreux, grâce aux courants de Foucault. Reste à connaître la suite de son parcours, qui varie probablement selon la taille et l’équipement des centres de tri. Malconnu, probablement en raison des quantités réduites utilisées dans le monde de l’emballage, « ce matériau possède pourtant de remarquables qualités esthétiques et techniques pour la réalisation de pièces aux formes complexes », souligne le designer Alnoor Mitha de Bharat.

Cet article a été publié dans notre numéro spécial Innovation Packaging Beauté, à lire ici dans son intégralité.