Pour rappel, une émulsion est constituée d’une phase externe (ou continue) englobant une phase interne (ou dispersée/discontinue). Par exemple des gouttelettes d’eau dans l’huile ou des gouttelettes d’huile dans de l’eau. Elles sont stabilisées par des émulsionnants (ou des particules dans le cadre des émulsions de Pickering), et peuvent être blanches ou teintées, simples ou multiples. La nature des huiles, glycols, gels et autres matières premières déterminent leur rhéologie, leur performance et leur sensorialité.

Les nanoémulsions sont des émulsions avec des gouttelettes de phase dispersée de taille nanométrique. Elles sont par exemple produites à l’aide de méthodes à basse énergie ou plus couramment haute énergie comme l’utilisation d’un sonicateur ou d’un HPH (high pressure homogenizer – homogénéisateur haute pression).

À l’aide d’ultrasons ou de tubes à haute pression, la nanoémulsion est formée à partir d’une macroémulsion (coarse émulsion) classique. Cette technologie s’applique principalement dans le domaine du soin pour l’instant (émulsions huile en eau) et permet de produire pour le formulateur des émulsions très stables et avec un bon potentiel de solubilisation des actifs. D’un point de vue consommateur, les produits peuvent être des lotions iridescentes légères avec une texture transformante ou bien des crèmes comme la crème Eclat de Evidens de Beauté, ou bien des actifs prêts à l’emploi comme le Nano-Lipobelle H-AECL de Mibelle [1].

Dans le domaine du maquillage, le fond de teint est un exemple d’émulsion de référence. Liquide ou crème, en flacon ou en pot, il a été développé en stick principalement sous forme anhydre. En Asie il est utilisé sous forme de cushion grille ou cushion sponge. Aujourd’hui il prend la forme d’une émulsion solide en stick ou à plat comme le montre le Designer Essence-In-Balm Mesh Cushion Foundation d’Armani.

En lisant la liste des ingrédients, on constate en effet que l’eau est le premier ingrédient. Une judicieuse combinaison d’émulsionnants, gels et cires à différents points de fusion semble stabiliser la formule dans son packaging. Pour le consommateur, cela représente une nouvelle frontière de sensorialité à l’application : fraîcheur, hydratation décuplée et prolongée, adaptation à tous les types de peaux.

Au-delà de ces deux typologies, des microémulsions ou des tendances connues comme la valorisation des cristaux liquides, on peut s’attendre dans le futur à peut-être des fonds de teint Pickering stabilisés avec des co-produits de microorganismes comme Cosmax en 2022 ? [2] Ou des émulsions sans eau ? Des émulsions inspirées du secteur agroalimentaire comme les crèmes glacées (qui contiennent également des suspensions et des mousses) ? Les inspirations pour les formulateurs sont multiples et ne viennent pas que des matières premières mais aussi de l’instrumentation.