Parce qu’elle souhaitait développer des matériaux « intelligents » dans le cadre de son activité de lunetterie, l’entreprise 15-1 Diffusion s’est rapprochée il y a quelques années de laboratoires de recherche français et internationaux et entamé une R&D ouvrant à de nouvelles fonctionnalités pour ses produits. Au terme de trois ans de développement, elle a lancé il y a quelques mois ses premières lunettes anti-poux, ou anti-moustiques ou tout simplement parfumées, grâce à une nouvelle technologie innovante et inspirante, baptisée Aloha Matériaux Augmentés.

« Nous nous sommes posé la question de savoir si grâce à la chimie nous pouvions donner à la lunette une autre fonctionnalité. Nous avons créé des lunettes anti-poux en intégrant dans le matériau de la monture des microcapsules qui diffusent autour de la tête de l’enfant un principe actif, des effluents de lavande en l’occurrence, exerçant une barrière efficace. C’est le même principe pour des parfums, nous sommes capables d’intégrer dans les microcapsules soit des jus ou des compositions qui vont ensuite être diffusantes », explique Didier Janot, co-fondateur de 15-1 Diffusion.

Dans la masse ou en surface

En surface, la technologie s’applique sur tous les supports, cuir, plastique, papier, métal, verre, etc. Dans la masse, Aloha s’accorde aux matériaux injectables, de préférence des polymères biosourcés.

« Notre point de départ c’est l’écoresponsabilité. Nous avons la volonté de travailler avec des matières biosourcées et des actifs naturels. Le nom d’Aloha qui signifie ‘bonjour’ en polynésien fait aussi référence à la philosophie qui relie l’Homme à la Terre », assure le dirigeant.

Ces microcapsules sont imperméables à l’oxygène, ce qui permet de conserver intacte l’intégrité des principes actifs utilisés (jus, huiles essentielles...). Les effluents se diffusent grâce à une faible porosité des parois.

La technologie permet également de décider du mode de diffusion qui peut être soit en continu, soit par l’action d’un frottement ou en fonction d’une température définie à partir de laquelle le diffusant se met en action.

« Nous pouvons décider d’une diffusion permanente avec une accélération par le toucher ou la température », poursuit Didier Janot.

Le dirigeant décrit d’autres expériences développées à partir du concept dans différents secteurs, comme celui des vins et spiritueux en capturant les aromes d’un rhum ou d’un whisky dans le bouchon ou l’étiquette. « Il est possible de reproduire la démarche dans tous les domaines, jouer sur la puissance du marketing olfactif et déclencher l’envie de consommer », assure-t-il.

En parfumerie, la technologie peut s’envisager effectivement par l’intégration de la fragrance sur le bouchon du flacon, sur l’étiquette ou sur le packaging qu’il suffit de frotter pour délivrer la senteur, ou par l’intégration d’arômes sur-mesure sur des matériaux, des cuirs ou des textiles, sur un bijou, un tatouage éphémère, un rouge à lèvres.

Une performance d’accompagnement

Si selon Didier Janot, si la démarche n’a pas vocation à se substituer au parfum classique, elle permet néanmoins à l’utilisateur de vivre une expérience sensorielle par une performance olfactive d’une grande précision dans la reproduction des notes.

« Beaucoup de grandes Maisons notamment dans le luxe, réfléchissent à une application en fonction de leur besoin ou de leur problématique. Tous les projets nécessitent un temps de validation, c’est plus compliqué qu’un pinceau que l’on applique. Il y a un tout un parcourt au cours duquel on cherche la bonne molécule, on regarde sa capacitée à être microencapsulée, on étudie sa façon de réagir sur le support, etc. Cet ensemble d’éléments va permettre d’avoir une idée de l’efficacité du rendu et de la durée de l’expérience. Cela peut aller de plusieurs mois à plusieurs années en fonction de la concentration », déclare le créateur.

L’entreprise souhaite pour l’heure orienter les applications à l’environnement du produit, le packaging, plutôt que la formulation. « La formulation, ce n’est pas notre métier, mais tout est envisageable », note en conclusion le chef d’entreprise.