« Tout ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. » Cette réflexion de Nietzsche pourrait presque être appliquée au concept d’hormesis. Le terme a été introduit pour la première fois en 1943 [1] décrire une propriété dynamique du vivant : « de fortes concentrations de substances toxiques inhibent alors que de faibles concentrations stimulent  ».

Des micro-stress répétés régulièrement

Tout est question de dosage et de régularité. Il est important de connaître la limite à partir de laquelle le stress qu’il soit physique, chimique ou biologique appliqué sur un organisme n’exerce plus un effet stimulant mais délétère. Concrètement et dans la vie courante, le phénomène d’hormesis apparaît de façon évidente lors d’activités physiques [2]. Dans le cadre d’une pratique sportive régulière et modérée, les substances produites par le corps (radicaux libres, acides, aldéhydes) vont engendrer des réactions bénéfiques, alors que ces mêmes substances peuvent être néfastes à forte concentration.

On retrouve ce principe dans la restriction calorique ou encore dans l’application de faibles radiations ionisantes. Il a été démontré [3] que les fréquences des cassures chromosomiques induites par les ondes étaient plus faibles lorsque les cellules étaient auparavant traitées par de très faibles doses et d’autant plus si un intervalle de quelques heures séparait les deux irradiations. La répétition régulière de faibles stress permet à la cellule voir à l’organisme tout entier de mieux résister ensuite à une stimulation plus importante.

Des études conduites sur le vieillissement cellulaire

Dans le domaine du vieillissement cellulaire, le professeur Suresh Rattan [4] est un des pionniers du développement et de l’utilisation du concept de l’hormesis. Il a mis en évidence les hormétines, une classe de composés naturels et synthétiques assurant un ralentissement du vieillissement. Des études (5) ont été menées sur des cultures cellulaires pour mesurer l’impact de micro stress appliqués régulièrement tels qu’une température de 41°C pendant 1 heure 2 fois par semaine ou 50µM d’acide rosmarinique ou encore 0,25µM de curcumin. Les réponses montrent un renforcement des fonctions cellulaires et un effet global anti-âge.

Les mécanismes explicatifs ne sont pas tous élucidés mais ces micro sollicitations entraineraient l’augmentation de l’expression de certaines enzymes de réparation, permettraient la production de protéines de résistance comme les HSP, stimuleraient l’activité du protéasome, amélioreraient le taux des pompes sodium/potassium, et joueraient sur l’expression de certains gènes liés au vieillissement.

Des applications en cosmétique

C’est à partir des travaux de Suresh Rattan que Givenchy lance en 2010 VAX’IN for youth, le premier produit cosmétique enrichi en un complexe d’actifs à base de Sanchi et d’hypotaurine, deux hormétines susceptibles de reproduire le phénomène d’hormesis. En générant des micros stimuli, les cellules de la peau produisent en doses proportionnées à leur besoin leur propre protéine de résistance au vieillissement, la HSP70. Des tests in vitro montrent une augmentation de 24% de sa synthèse. Les mécanismes de défense et de réparation des cellules sont renforcés, la résistance cutanée aux signes de vieillissement est augmentée. Un test instrumental réalisé sur plusieurs femmes dont la peau a été soumise à des lavages agressifs montre une amélioration de 31% de la protection de la peau.

Cette année, Givenchy vient d’enrichir la gamme VAX’IN for youth d’une déclinaison spécifiquement dédiée à la zone sensible du contour de l’œil.

Des nouveaux ingrédients mimant l’Hormesis

Sur le marché des ingrédients, c’est Sedermaqui a ouvert la voie d’une utilisation plus large de l’hormesis en cosmétique, grâce à Resistem™, un actif anti-âge issu de cultures cellulaires végétales. Il a été suivi cette année par Silab avec Vitagenyl®.

Ces composés reproduisent le phénomène d’hormesis conduisant à une augmentation des capacités de défense des cellules. Resistem™ aide notamment à lutter contre les noci-produits. Testé en in vitro sur kératinocytes stressés au peroxyde d’hydrogène, une forte inhibition des peroxydes intracellulaires est observée (-88% par rapport au témoin). L’activité du protéasome sur fibroblastes stressés au peroxyde d’hydrogène est aussi stimulée (+57% par rapport au témoin). Par ailleurs, la longévité cellulaire est accrue avec une augmentation de 74% de la synthèse de sirtuin-1 et la régénération tissulaire est favorisée. C’est le « bodyguard » de la peau qui grâce à un cercle virtueux aide celle-ci à retrouver sa beauté naturelle.

« Pour développer ce produit, nous nous sommes inspirés des travaux du Pr Rattan qui a publié un profil de réponse hormétique correspondant à plusieurs caractéristiques de survie et réparation cellulaires, Resistem™ présente de très bons résultats sur l’ensemble des critères,  » confirme Olga Gracioso responsable marketing et communication de Sederma.

De son côté, Vitagenyl® riche en alpha-glucanes purifiés à partir de la feuille de pêcher stimule l’expression des vitagènes impliqués dans l’homéostasie cellulaire et codant des protéines de résistance au stress telles que les HSP, la thorédoxine et la sirtuine-1. Testé en in vitro à 1%, Vitagenyl® stimule la viabilité des fibroblastes en milieu carencé en nutriment ainsi que leur capacité de prolifération. Vitagenyl® grâce à son action hormétique permet aux cellules d’être mieux préparées et armées pour combattre les agressions extérieures. Vitagenyl® améliore le potentiel régénérant et la vitalité de la peau.

Les deux actifs sont positionnés comme anti-âge et ouvrent, à la suite de VAX’IN for youth, de belles perspectives pour l’utilisation du concept d’hormésis en cosmétique.