Capucine Piot, blog Babillages, Sophie Strobel, blog (dé)maquillages, et Alexis Toublanc, blog Dr Jicky & Mister Phoebus, étaient réunis le 18 avril dernier pour un petit déjeuner avec les responsables communication, relations de presse et community management des marques beauté. Sous les auspices de la FEBEA, cette rencontre a permis aux trois blogueurs de revenir sur leurs relations avec les services communication et presse des marques et sur leurs attentes.

Chacun son style

Un blog est d’abord le reflet de la personnalité, des goûts et des centres d’intérêts de son auteur. Les trois invités de la FEBEA en étaient la parfaite illustration.

Gauche à droite : Alexis Toublanc, Sophie Stobel, Capucine Piot

Sur le blog Babillages - créé il y a sept ans - Capucine Piot traite de la beauté d’un point de vue très personnel, « avec un côté très fille d’à côté, » précise-t-elle. Elle travaille avec soin ses photos et visuels et propose régulièrement des tutoriels beauté qu’elle poste sur sa chaine YouTube. Avec plus de 10.000 visites par jour, Babillages fait partie des blogs beauté francophones les plus influents. Capucine Piot a ainsi réussi à monétiser son blog, notamment via des partenariats avec les marques.

Avec une quinzaine d’années d’expérience dans l’industrie de la beauté et une formation de biologiste cosmétologue, Sophie Strobel aborde la cosmétique avec un oeil de décodeuse. Elle ne monétise pas son blog, qu’elle considère comme « un loisir, en complément d’une vie professionnelle et familiale déjà bien remplie. »

Alexis Toublanc est, depuis 2010, l’un des deux auteurs du blog Dr Jicky & Mister Phoebus, entièrement consacré au parfum. Un univers bien différent, au vu de son témoignage, que celui des blogs beauté : un lectorat plus réduit, beaucoup d’échanges entre pairs, un rythme de publication moins soutenu, «  parce qu’il faut du temps pour connaître un parfum et pouvoir en parler. »

Personnaliser les relations

Si Alexis Toublanc ne sent pas submergé par les sollicitations des marques - « régulières mais pas excessives  » - il apprécie néanmoins le fait que la relation avec les marques soit souvent personnalisée. À vrai dire, il considère même cela comme un facteur de réussite. « Il est évident qu’un blogueur passionné de parfums classiques, traditionnels ou historiques, sera peu sensible à un parfum d’avant-garde,  » explique-t-il. Un point également essentiel pour Capucine Piot et Sophie Strobel, qui témoignent en revanche de sollicitations innombrables, auxquelles elles peinent parfois - malgré leurs efforts - à répondre rapidement.

Dans ces conditions, les envois mal ciblés ou inappropriés sont forcément mal perçus. « Quand on m’appelle ‘Babillages’ plutôt que par mon prénom, ou que l’on m’adresse des shampooings pour cheveux blonds, on a évidemment moins de chance de se trouver en tête de mes priorités,  » souligne Capucine Piot. «  Le contact personnel, voire amical, est important. Et la personnalisation est la clef du succès. Certaines marques prennent la peine de réaliser une fiche technique sur les besoins des blogueuses avec lesquelles elles sont en relation. Elles savent que j’ai la peau et les cheveux secs et que cela ne sert à rien de m’adresser des produits pour peaux grasses, » ajoute-t-elle. « Nous sommes aussi très présentes sur les réseaux sociaux, il est important que les marques les fréquentent pour bien connaître les auteurs de blogs,  » ajoute Sophie Strobel.

Une attitude qui n’a rien à voir avec « des caprices de petites filles gâtées  » précise Capucine Piot. Simplement, les blogueuses ne sont pas des journalistes et l’erreur la plus fréquente des marques semble être de les traiter de la même manière. « On n’a pas les mêmes besoins ni les mêmes attentes, » insiste Sophie Strobel.

D’autres besoins que la presse

Les blogueuses sont avant tout des consommatrices. Certainement des consommatrices expertes, informées et averties, mais des consommatrices qui testent les produits dont elles parlent, donnent leur avis avec leur propre sensibilité. « Si les contenus trop scientifiques ou trop techniques, les ennuient généralement tout autant que leurs lectrices, elles identifient en revanche assez vite les discours superficiels et le vernis purement marketing,  » met en garde Sophie Strobel.

Par ailleurs, la plupart des blogueuses ont une autre activité à côté de leur blog et leur disponibilité n’est pas la même que celle des journalistes. Nombreuses sont aussi celles qui vivent en province. Les marques qui les ciblent dans le cadre d’événements doivent en tenir compte pour avoir une chance de les voir apparaître.

Bien sûr les choses se compliquent un peu si l’on considère que certaines journalistes sont aussi blogueuses. Pour Sophie Strobel, c’est en tout cas la preuve que ce sont «  deux activités bien différentes qui peuvent donc être complémentaires. »