Dr Amber Cooper

Des chercheurs de la Washington University School of Medicine ont examiné les niveaux dans le sang et dans l’urine de 111 produits chimiques soupçonnés d’interférer avec la production naturelle et la distribution d’hormones dans l’organisme. Quelque 15 produits ont été associés de manière significative à une ménopause précoce et à un déclin de l’activité ovarienne. Parmi eux on trouve 9 polychlorobiphényles (PCB), trois pesticides, deux phtalates.

L’étude, publiée en ligne dans la revue scientifique américaine PLOS ONE, a été conduite entre 1999 à 2008 sur 1.442 Américaines ménopausées âgées en moyenne de 61 ans.

Même si l’étude n’établit pas de lien de cause à effet entre l’exposition aux substances chimiques et la ménopause précoce, ses auteurs expliquent que la corrélation ainsi mise en évidence devrait faire l’objet d’études supplémentaires. «  Les substances chimiques liées à une ménopause précoce peuvent entrainer un déclin de la fonction ovarienne, et nos résultats suggèrent que la société devrait s’en inquiéter, » met en garde le Dr Amber Cooper, professeur adjointe de gynécologie à la faculté de médecine de l’Université Washington, de Saint-Louis (Missouri), principal co-auteur.

La fonction ovarienne joue un rôle important car elle peut non seulement affecter la fertilité mais aussi conduire notamment au développement précoce de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose.

Quelque 15 produits ont été associés de manière significative à une ménopause précoce et à un déclin de l’activité ovarienne. © Scott Rothstein / shutterstock.com

Plusieurs média ont fait le lien entre les cosmétiques et la présence de deux phtalates dans la liste des 15 substances corrélées à une ménopause précoce.

« Les journalistes n’ont probablement pas lu l’étude ni compris ce qu’elle dit. À aucun moment les auteurs de l’étude ne font de lien entre leurs observations et les substances contenues dans le maquillage et les cosmétiques, contrairement à ce que suggèrent certains gros titres alarmants,  » a regretté Chris Flower, Directeur général de la CTPA, le syndicat professionnel représentant les industriels de la cosmétique au Royaume-Uni. « Les deux phtalates mentionnés ne sont pas utilisés comme ingrédients dans les produits de maquillage dans l’Union européenne. Ce sont des produits de dégradation (des métabolites) du DEHP [1], qui est lui-même interdit de tous les produits cosmétiques vendus dans l’Union européenne. Les autres produits chimiques mis en évidence dans l’étude sont des pesticides ou des produits chimiques industriels, dont aucun n’est utilisé comme ingrédient cosmétique.  »