Premium Beauty News - Dès votre arrivée à la présidence de la FFPS vous avez eu à gérer le dossier du renouvellement du règlement d’exemption sur la distribution sélective. De quoi s’agit-il ?

William Koeberlé - C’était ma toute première priorité. Lorsque Thibault Ponroy a quitté la présidence de la FFPS, nous négocions avec les autorités européennes le renouvellement d’exemption concernant la parfumerie sélective. Le maintien d’un cadre cohérent en la matière était essentiel pour nous.

La distribution sélective c’est d’abord un mode de régulation du marché. Il permet aux marques de parfums et de cosmétiques de luxe de sélectionner leur réseau de distribution sur la base de critères de qualité : notamment l’environnement d’achat, et le conseil au moment de la vente. Mais au final, le consommateur doit y trouver son compte, notamment grâce à une gamme de services et de conseils qui lui sont proposés dans les points de vente.

Parmi les enjeux à régler, il y avait la question de la vente sur internet. Il ne s’agissait pas, évidemment, d’interdire la vente en ligne des parfums et des cosmétiques de luxe, mais de s’assurer qu’elle répondait bien à des critères de qualité qui soient à la hauteur de ceux que l’on trouve en boutique.

Le marché a besoin de règles qui le rendent le plus performant possible.

William Koeberlé, Fédération française de la parfumerie sélective

Premium Beauty News - Et comment se porte ce marché sélectif ?

William Koeberlé - Nous avons renoué avec la croissance en 2010, tant en valeur (+2,6%) qu’en volume (+1,6%) selon les chiffres fournis par NPD. C’est vrai pour l’ensemble des segments du marché, sauf pour le parfum dont les volumes vendus sont toujours orientés à la baisse (-0,6%) malgré une progression de 2,1% en valeur. C’est le maquillage qui affiche la plus belle progression, +5,4% en valeur comme en nombre d’unités vendues. Le soin se montre également dynamique : + 2,1% en valeur et + 3% en volume.

Je suis plutôt optimiste pour l’avenir et confiant dans l’innovation constante des marques pour proposer des produits qui répondent aux besoins de clients qui sont de plus en plus exigeants.

Premium Beauty News - On observe un développement important des marques de distributeurs. Comment expliquez-vous ce phénomène qui était jusque-là plutôt le fait de la grande distribution ?

William Koeberlé - Les marques propres sont un complément aux marques traditionnelles de soin et de maquillage. Elles ont leur place à côté des best-sellers incontournables et des marques originales, avec une vraie histoire, qui permettent de créer de la différentiation. Les marques de distributeurs viennent satisfaire un besoin croissant du marché : la qualité accessible. À ce titre elles attirent particulièrement les jeunes consommatrices, mais pas seulement. Ces gammes constituent un élément important pour le maintien de l’attractivité de la distribution sélective.

Premium Beauty News - Quelles sont vos priorités à la tête de la FFPS ?

William Koeberlé - Ma toute première priorité, vous l’avez compris, concernait les négociations relatives au règlement d’exemption en matière de distribution sélective.

Je souhaite ensuite que nous avancions, en collaboration avec nos fournisseurs, sur la question de la logistique et des enjeux de développement durable qui lui sont liés. Nous avons préparé des cahiers des charges sur ce sujet et nous avons proposés à la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), qui représente nos interlocuteurs au sein des marques, d’en discuter ensembles. Nous avons tout à gagner, fournisseurs et distributeurs, à travailler sur des cahiers des charges communs en matière de logistique. En effet, les dysfonctionnements et le manque d’efficacité de la chaine logistique, n’apportent de plus value, à personne.

En pratique il s’agit d’adopter un langage commun au niveau des flux, de s’accorder sur des méthodes communes pour le calcul des émissions de gaz à effet de serre, sur des méthodes de traçabilité harmonisées, des procédures anti-vols, sur les échanges de données électroniques (EDI) et sur la création de catalogues électroniques avec des fiches produits standardisées.

Enfin, la troisième priorité concerne notre convention collective et, à travers elle, la question essentielle des métiers de la parfumerie. Là encore on touche à la question de la formation de nos collaborateurs, au conseil, mais également aux produits, et à la question du service apporté à nos clients.

La FFPS en bref…

La Fédération française de la parfumerie sélective (FFPS) réunit l’essentiel des distributeurs de parfums, de produits de soin et de produits de maquillage de luxe en France. Elle regroupe les principales chaînes de parfumerie (Douglas, Marionnaud, Nocibé et Sephora), les grands magasins (le Bon Marché, Les Galeries Lafayette et Le Printemps), les groupements et franchises (Beauty Success, Passion Beauté) et des indépendants. Le volume de vente de ses membres représente 95% du marché sélectif français. Elle est présidée par William Koeberlé depuis 25 janvier 2010.