Herlé Carn, Directeur Marketing & Commercial, ArjoWiggins Security

Les produits de beauté sont-ils moins concernés qu’auparavant ? Pour Herlé Carn, Directeur Marketing & Commercial chez ArjoWiggins Security, il suffit de se promener les rues commerçantes de nombreux pays pour voir qu’il n’en est rien [1]. « Or, les nouvelles techniques qui ont été développées sont d’une fiabilité totale, » confie-t-il à Premium Beauty News.

Premium Beauty News - En quoi consistent ces nouvelles techniques ?

Herlé Carn - Avant de parler des nouvelles techniques, j’aimerais définir ce contre quoi nous luttons. On distingue quatre grands fléaux : la contrefaçon, l’effraction (du contenant pour modifier le contenu), le « marché gris ou parallèle » et, enfin, le vol pur et simple.

Dans le cas de la lutte contre la contrefaçon, notre réponse passe par des éléments d’authentification. Il y a trois niveaux :

 Niveau 1, les éléments visibles et sans ambiguïté pour le consommateur sous la forme de filigranes, d’hologrammes, d’encres optiquement variables.
 Niveau 2, les éléments invisibles à l’oeil nu mais pouvant être révélés par un outil simple comme une loupe ou une lampe UV (utilisées par les douanes), et qui peuvent prendre la forme de fibres, fluoforms (formes invisibles aux couleurs du logo de la marque), hilites (pigments de différentes couleurs), fils, microtextes.
 Niveau 3, les éléments secrets, indétectables sans un lecteur dédié (taggants, terres rares, ADN, traceurs).

Concernant la protection du produit, au sens « témoins d’effraction », on peut mettre à la disposition des industriels ou des imprimeurs ce qu’on appelle le « Synthetic Tamper Evident Substrate », STES, qui cumule la fonction de témoin d’effraction et d’authentification. Il est impossible de détacher l’étiquette sans la détruire. Le STES, qui contient des éléments de sécurité cachés, permet l’authentification sans destruction du packaging.

La traçabilité (Track & Trace) est, quant à elle, réclamée pour permettre une meilleure gestion des flux de marchandises mais aussi pour combattre les marchés parallèles. Là, il y a beaucoup de technologies pour la gestion des flux, comme le code barre linéaire (le plus utilisé), le code barre 2D, le code barre combiné, la RFID, sans oublier les autres systèmes comme la cryptographie, l’OCR, les pistes magnétiques, le codage, la gravure... Seul problème, et de taille, la plupart de ces systèmes peuvent être imités ou dupliqués !

Premium Beauty News - S’ils peuvent être imités ou dupliqués, c’est plutôt gênant !

Herlé Carn - Vous l’avez dit ! Et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons créé SecuMatrix en liaison avec la société Domino, l’un des leaders mondiaux de l’impression jet d’encre industrielle.

SecuMatrix permet de sécuriser un système de traçabilité standard sans modification des process sur ligne. Vous avez certainement déjà vu des codes, souvent la date de fabrication ou de péremption, imprimés en petits caractères sur les bouteilles d’eau, les cannettes de sodas, ... C’est du jet d’encre industriel sur ligne de production. Eh bien, sans modifier le process, il suffit de sécuriser cette encre. L’authentification se fera ensuite sur le terrain très discrètement et en cas de coup dur la marque aura une réponse indiscutable pour affirmer que le produit identifié est vrai ou faux. Ce peut être aussi le code 2D qui est imprimé avec une encre de sécurité. C’est indétectable sans le bon lecteur et la signature chimique peut être exclusive à la marque utilisatrice. Cette encre s’applique sur tous les supports. Des centaines de millions de produits sont protégés avec ce taggant de haute sécurité mais également des monnaies ou encore des passeports. Nous n’avons pas eu une seule contrefaçon ou un seul "faux positif" en 12 ans grâce à cette signature chimique.

Combiner plusieurs techniques, c’est la clé de la protection. Un contrefacteur ira naturellement sur des produits peu ou pas protégés. Regardez les étiquettes posées sous les ordinateurs portables, ce sont de vrais billets de banque et ils ne font qu’authentifier un système d’exploitation.

Dans tous les cas, nous fournissons des solutions - par exemple des étiquettes, des notices, des cartons - adaptées et personnalisées selon les besoins et minimisant les impacts sur ligne industrielle. La fonction « antivol » peut être aussi être incluse dans une étiquette d’authentification.

Premium Beauty News - En fait, seule la combinaison de plusieurs techniques serait efficace.

Herlé Carn - Absolument. Et je vous donne deux exemples.

Dans le domaine de l’étiquette, on peut combiner des fonctions avec le STES, assurant le consommateur qu’il est le premier à ouvrir la boite et permettant aux autorités de vérifier la présence d’éléments de sécurité invisibles à l’oeil nu sans avoir à ouvrir la boite.

À cela vous ajoutez le Bimetal, une grande innovation dans le monde de l’hologramme, qui mixe des alliages aluminium et cuivre ou or, et qui permet une authentification très novatrice et extrêmement design pour la parfumerie ou la cosmétique. Les combinaisons peuvent aller encore plus loin en mixant à l’’impression du logo le très secret SpotTag. Et pourquoi pas un système Track & Trace incopiable.

Dans le cadre d’une boîte pliante, l’industriel peut choisir l’option Securepack, un carton standard couché 1 face ou 2, avec des effets design de rainurage, d’iridescence, etc., et possédant au coeur de la matière des éléments d’authentification invisibles à l’oeil nu (de 2ème niveau pour les autorités) ou très secrets (3ème niveau) pour les inspecteurs terrain. Et pourquoi pas une notice filigranée (+ option verification instantanée avec un marqueur blanc qui fait apparaitre une trace rouge) ?

Vous voyez, pour une marque désireuse de se protéger, le nombre de solutions de haute sécurité disponibles est impressionnant. C’est notre savoir-faire de 200 ans dans le billet de banque qui nous permet de sécuriser l’industriel contrefait. Et comme vous allez me parler d’argent, je prends les devants en vous affirmant que la sécurité n’est pas chère mais rapporte beaucoup en limitant les pertes financières, en éliminant les risques liés à l’image de la société ou en contrôlant ceux liés à la santé publique.

Nous protégeons grand nombre de sociétés réputées dans quasiment tous les secteurs d’activité (nous ne donnons bien sur aucun détail pour assurer la confidentialité la plus sérieuse) et le coût ne représente bien souvent même pas un centime d’euro par produit.