Sarah Perreard, DuPont

Le pinceau cosmétique, réservé jusqu’à présent aux professionnels du maquillage, séduit de plus en plus la consommatrice. De grandes chaînes de distribution de produits de maquillage y ont largement contribué en proposant avec leurs produits de maquillage des kits attractifs composés de plusieurs pinceaux. Résultat, un marché en plein boom avec des taux de croissance annuelle à deux chiffres. Une niche qui n’a pas échappé aux dirigeants du groupe DuPont [1], historiquement présent dans la production de fibres destinées aux brosses à dents et leader sur le créneau de la fibre de mascara. Une niche où le poil issu des animaux qui reste encore majoritairement utilisé a sans doute ses jours comptés. Une niche pour laquelle DuPont commercialise depuis quelques mois une fibre très technique et particulièrement très performante, le Natrafil.

Poils d’animaux ou fibre synthétique ?

Mais au fait ! Les femmes utilisent-elles et apprécient-elles l’usage d’un pinceau cosmétique ? Toutes les enquêtes répondent « oui » ! Même si leur perception de ce produit est souvent loin de la réalité. Pour 86 % d’entre elles, le pinceau doit évidemment bien s’imprégner de la poudre et la restituer parfaitement au moment de l’application. Pour 46 % les poils doivent être doux et pour 37 % le pinceau ne doit évidemment pas les perdre. 67 % d’entre elles pensent que les pinceaux sont faits aujourd’hui majoritairement avec des poils synthétiques et seulement 19 % pensent qu’ils sont faits avec des poils d’animaux. Plus intéressant encore, les consommatrices européennes disent qu’elles n’utiliseraient pas un pinceau fait avec des poils d’animaux ! Alors que 95 % des pinceaux poudre fabriqués dans le monde le sont, précisément, avec des poils d’animaux !

Vers la fin des poils d’animaux ?

« En fait, explique Sarah Perreard, DuPont, ce marché demandait une nouvelle fibre qui, pour paraphraser une publicité bien connue, aurait le toucher et la performance d’un poil animal mais ne serait pas issue de la filière animale… et qui n’en aurait pas l’odeur ! » Une odeur d’ailleurs tenace dans le cas de pinceaux faits à l’aide de poils de chèvre (majoritaires !) ou de poils de poneys. D’autant que ces mêmes consommatrices estiment à 87 % que cette pratique est cruelle pour les animaux !

En 2003, les équipes de DuPont décident de s’attaquer sérieusement au sujet. Le challenge n’est pas mince. Il s’agit de mettre au point une fibre qui ait toutes les qualités d’un poil de chèvre ou de poney, c’est-à-dire qui s’imprègne bien de la poudre et qui la restitue parfaitement. Pas facile lorsqu’on analyse au microscope un poil de chèvre et qu’on comprend pourquoi la poudre s’y accroche bien. A contrario, une fibre synthétique est pour le moins très lisse. « C’est toute l’astuce de Natrafil, explique Sarah Perreard, nos ingénieurs ont recréé une certaine rugosité sur cette fibre polyester grâce à l’adjonction de différents additifs et un processus d’effilage qui structure et adoucit les extrèmités. Un processus complexe et breveté. ». Ils ne savaient d’ailleurs pas qu’en mettant au point le Natrafil, ils allaient du même coup faire franchir un bond de géant aux futures pinceaux constitués partiellement ou totalement de cette fibre. « Cela a été la bonne surprise, les tests auprès des make-up artists ont dépassés nos espoirs. Tous ont avoué que les pinceaux constitués à 100 % de fibres Natrafil s’imprégnaient et restituaient beaucoup mieux la poudre. Ils permettent ainsi d’appliquer les formules de manière plus uniforme et de gagner en précision par rapport aux pinceaux traditionnels faits à base de poils d’animaux. Quant aux pinceaux contenant des pourcentages différents de fibres Natrafil, ils permettent d’adapter la performance maquillage désirée en fonction de la formule ou de l’utilisation du pinceau, que ce soit pour appliquer l’exacte quantité de poudre voulue, d’atténuer, de dégrader, etc. ».

À noter que NatrafiL s’avère également très efficace pour appliquer du maquillage liquide dans le cas, par exemple, du body painting.

«  Les principaux atouts de notre fibre : une qualité constante et conforme aux cahiers des charges, un approvisionnement stable et non lié aux fluctuations du marché des poils d’animaux, et enfin une meilleure perception vis-à-vis du consommateur ainsi qu’une hygiène garantie, » souligne Sarah Perreard.

Du coup, le Groupe DuPont, qui produit aujourd’hui la fibre aux Etats-Unis et l’expédie à Shenzen en Chine pour son traitement, vient d’investir dans une deuxième ligne de production précisément en Chine. « Il faut dire que 90 % des pinceaux fabriqués dans le monde le sont dans cette région, et qu’ils sont presque entièrement faits à la main ! ». Un autre avantage d’ailleurs de l’utilisation d’une fibre synthétique, celui de pouvoir plus facilement automatiser la production… À suivre.