Le Comité scientifique sur la sécurité des consommateurs (CSSC/SCCS), chargé de conseiller la Commission européenne en matière scientifique, est revenu sur la question de l’innocuité des parabènes dans les produits cosmétiques, en se penchant cette fois sur le cas particulier des produits destinés aux jeunes enfants.

Enfants de moins de trois ans

Dans une précédente opinion [1], le Comité avait certes confirmé l’innocuité de deux parabènes couramment utilisés (le méthyl parabène et l’éthyl parabène) dans la limite des concentrations en vigueur (0,4%) et a abaissé à 0,19% la concentration du butylparabène et propylparabène. Si cette décision avait plutôt conforté l’industrie, dont les pratiques étaient déjà conformes aux recommandations du Comité, ce dernier s’était vu reprocher de ne pas traiter spécifiquement le cas des enfants de moins de trois ans, réputés plus sensibles aux risques liés aux perturbateurs hormonaux.

Peu de temps après, les autorités danoises avaient fait jouer la clause de sauvegarde, estimant que le butylparabène et le propylparabène devaient être interdits dans les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans, interdiction en vigueur dans ce pays depuis le 15 mars dernier. L’activation de la clause de sauvegarde par un État membre de l’Union européenne entrainant automatiquement la saisine de la Commission, celle-ci a demandé au CSSC de préciser son opinion à la lumière des objections formulées par le Danemark.

Précisions du CSSC

Dans son opinion du 10 octobre (SCCS/1446/11), le Comité rappelle donc que sa précédente analyse du risque des parabènes était fondée sur des hypothèses particulièrement prudentes notamment en ce qui concerne l’exposition réelle aux parabènes, et que les données maintenant disponibles semblent effectivement confirmer que la réalité de l’exposition en Europe et aux États-Unis serait bien inférieure à celle alors retenue. Compte tenu des marges de sécurité retenues, le CSSC estime que les parabènes ne posent pas de problème de sécurité, et ce quel que soit l’âge des utilisateurs.

Le Comité note toutefois que, dans le cas de produits non rincés destinés à être appliqués dans la zone du siège, pour des enfants de moins de 6 mois, un risque ne peut être exclus, en raison des risques de lésions cutanés dans cette zone et du fait de l’immaturité du système immunitaire à cet âge. Ces questions ne se posent, précise toutefois le Comité, que dans l’hypothèse où le pire niveau d’exposition serait retenu. Malheureusement, le Comité indique que les données scientifiques actuellement disponibles ne lui permettent pas d’affiner sa position sur ce point précis.

Les précisions apportées par le CSSC affaiblissent donc fortement la position des autorités danoises, mais ne répondent pas à toutes les questions. C’est donc maintenant à la Commission de trancher.