En raison de sa taille, le marché américain reste très attractif. Face au morcellement européen, il fait encore figure de plus vaste marché unifié au monde. Toutefois, le renchérissement des importations venues de la zone euro oblige l’industrie européenne à se recentrer sur ses atouts principaux : innovation, qualité, et valeur patrimoniale des marques ou des savoir-faire.

« Pour les produits les plus innovants, la situation peut être une nouvelle chance de se démarquer. Cela concerne autant les ingrédients, que les produits naturels, et les compléments alimentaires ou les nutraceutiques, sans oublier le packaging de luxe, » constate Bruno Queyrel, consultant auprès des organisateurs du salon Health and Beauty America (HBA). «  Du côté des produits finis, la situation bénéficie plutôt aux marques dites de niches, plus précisément celles qui ont une identité marquée et une forte personnalité ou qui se réfèrent à un patrimoine historique ou traditionnel solide. »

Porte d’entrée incontournable

Dans ce contexte, New York reste une porte d’entrée incontournable pour les Européens et continue à jouer un rôle moteur dans la sélection de l’offre transatlantique. D’abord, 80 % des fabricants américains de cosmétiques sont rassemblés autour des états de New York et du New Jersey. Ensuite, plusieurs manifestations incontournables pour la profession ont lieu à New York : les Fifi Awards, le Suppliers Day de laNew York Society of Cosmetic Chemists qui s’adresse aux formulateurs et aux fabricants d’ingrédients. Et bien sûr, il y a les salons professionnels, HBA pour les fournisseurs de la filière, ou le tout récent PXA (Perfume Expo America) pour les parfums sélectifs.

Dans tous les segments de l’offre, les sociétés européennes sont extrêmement actives et ce ne sont pas toujours celles qui dominent leur propre marché qui réussissent à percer aux Etats-Unis. Mais pour ceux qui ont la chance de se trouver dans le bon courant, les réactions sont très rapides et les contrats vites rémunérateurs.

Mais il ne faut pas oublier que la concurrence est rude. Du côté des produits finis, on peut noter la profusion de jeunes créateurs parfumeurs américains. Près d’une centaine de marques sont arrivées sur le marché depuis quelques années dans différents systèmes de distribution, avec notamment un boom des marques SPA. Et nombreux sont les fournisseurs à vouloir servir ces clients.

Sélection de l’offre européenne

« La situation actuelle a ceci de positif qu’aujourd’hui le marché américain sélectionne naturellement les meilleurs, » explique Bruno Queyrel. Parmi les réussites, on peut citer les monoï de Tahiti, les algues de Bretagne ou de Méditerranée, le verre étiré, les parfums Caron ou Jovoy qui sont tous porteurs de cette différence sélective et en bénéficient directement.

Proposer une offre européenne sur ces marchés nécessite un positionnement très pointu. A l’occasion du salon HBA qui se tiendra du 9 au 11 septembre à New-York, la Cosmétique Vallée a ainsi opéré ses propres choix parmi ses adhérents, la Glass Vallée représentera l’offre la plus qualifiée des verriers de luxe. D’autres exposants interviennent avec des positionnements très spécifiques, la brosserie fine Léonard, des flacons ultra sélectifs, de l’étiquetage à l’or fin sur étain, des moules de précision, des actifs encapsulés etc.

Bref, New York est probablement en train de se forger une nouvelle image au niveau des produits et des fournisseurs de la filière, mais il faut aussi ajouter son influence croissante en matière de conférences. En effet chaque année les plus grands opérateurs mondiaux interviennent en tant que conférenciers et participants à l’occasion des nombreux événements qui ont lieu sur la grande ville de la côte Est. Du marketing à la recherche-développement en passant par la réglementation, tous les sujets sont traités à New York, notamment à l’occasion de HBA qui cette année accueillera plus de 200 intervenants du monde entier.