Plus de 210 personnes ont participé à cet événement organisé les 3 et 4 février 2011 à Lyon, sous l’égide du Centre européen de dermocosmétologie (CED) et de sa présidente Dominique Bouvier.

Des cellules indifférenciées

L’intérêt des cellules souches (ou cellules indifférenciées) tient à leurs deux caractéristiques principales : elles peuvent donner des cellules spécialisées par différenciation cellulaire et peuvent se renouveler un très grand nombre de fois.

Les cellules souches sont présentes aux différents stades de développement de l’être humain, on distingue ainsi : les cellules souches embryonnaires, les cellules souches fœtales et les cellules souches de l’adulte. Ces cellules n’ont pas les mêmes propriétés.

Cellules souches embryonnaires humaines

Les toutes premières cellules souches embryonnaires (du zygote au blastomère à huit cellules, au quatrième jour du développement embryonnaire) peuvent donner tous types cellulaires, et donc un organisme entier : elles dites totipotentes. Apparaissent ensuite les cellules souches pluripotentes, capables de donner tous les types cellulaires sauf les annexes embryonnaires. Dans les stades ultérieurs, on distingue :

 Les cellules souches multipotentes, susceptibles de donner différents types de cellules, mais spécifiques d’un lignage cellulaire donné.
 Les cellules souches unipotentes, qui ne peuvent donner qu’une seule sorte de cellule. Elles peuvent cependant, comme toute cellule souche, s’auto-renouveler, d’où l’importance de les distinguer des précurseurs.

Perspectives prometteuses

La peau est un réservoir considérable de cellules souches adultes qui ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques tout en donnant lieu à moins de problèmes éthiques que l’utilisation des cellules souches d’origine embryonnaire.

Certaines d’entre elles peuvent être utilisées pour des applications cutanées thérapeutiques, comme le traitement des grands brûlés. Mais il y a de nombreuses perspectives prometteuses car les scientifiques sont maintenant capables de les reprogrammer pour en faire des cellules souches de type embryonnaire dites multipotentes, qui peuvent ensuite donner tous types de cellules. Ainsi, très récemment des chercheurs ont pu obtenir à partir de cellules souches adultes de la peau des cellules sanguines d’une part et des cellules cardiaques d’autre part.

L’étude des cellules souches cutanées n’en est qu’à ses débuts, les différents réservoirs ("niches") actuellement identifiées chez l’être humain sont au moins au nombre de sept au niveau de l’épiderme, des follicules pileux, des glandes sébacées et sudoripares, du derme et du tissu adipeux. Chacun a ses spécificités et ses utilisations possibles.

Nombreuses inconnues

Bien qu’elles soient l’objet de nombreuses recherches les cellules souches gardent pourtant leur part de mystère car leur identification reste complexe par manque de marqueurs spécifiques et leurs caractéristiques se modifient lorsqu’elles sont cultivées in vitro ce qui en complique encore l’étude.

Certaines questions sur leur biologie soulèvent d’ailleurs de nombreux débats. En particulier, le problème de leur vieillissement qui semblerait plutôt dû à des modifications de leur microenvironnement, qui auraient un impact sur leurs capacités régénératives, plutôt qu’à la diminution de leur nombre. La question reste ouverte.

Des applications cutanées

Les applications cutanées des cellules souches couvrent de très vastes domaines allant de la recherche fondamentale, à la médecine régénérative et esthétique et enfin la cosmétologie.

Les chercheurs sont maintenant capables de reconstruire in vitro des tissus cutanés avec mélanocytes et follicules pileux afin d’approfondir les connaissances fondamentales sur les cellules souches (évaluation de l’impact des UV, compréhension des phénomènes de perte ou blanchissement du cheveu, …) ou d’étudier certaines pathologies cutanées (maladies bulleuses, vitiligo…). Dans le domaine médical, ces peaux reconstituées peuvent être utilisées pour des greffes de peaux pour les grands brûlés, pour certaines maladies pigmentaires ou encore la greffe de follicules pileux dans le domaine de la calvitie.

25e Journées européennes de dermocosmétologie, Lyon

Dans le domaine de la médecine plastique et esthétique, la technique du lipofilling, utilisée depuis plus de vingt ans, consiste à prélever chez un patient du tissu adipeux, très riche en cellules souches et le réinjecter après centrifugation pour restaurer des défauts de contours et de volume ou faciliter la cicatrisation de plaies chroniques.

Enfin, le domaine cosmétique n’est pas en reste. Les tissus cutanés développés à partir des cellules souches permettent de mener des études de pharmacotoxicologie. Le projet européen ScreenTox, qui vient de débuter, en est d’ailleurs un exemple. Il vise à évaluer la toxicologie des médicaments, produits chimiques et ingrédients cosmétiques via l’utilisation de cellules souches.

Les modèles reconstruits permettent l’obtention d’une peau complète ou de certains tissus comme le tissu adipeux qui sont de plus en plus utilisés pour l’étude de l’efficacité des actifs cosmétiques par l’industrie et les fournisseurs d’ingrédients cosmétiques.

Lutter contre le vieillissement ?

Dans le domaine du vieillissement, la stimulation des cellules souches ou au contraire la limitation de leur prolifération pour éviter leur épuisement ont été abordées à plusieurs reprises au cours des conférences. Les inconnues dans ce domaine ont été largement soulignées et les représentants des départements R&D des grandes marques de cosmétiques ont fait part de leurs efforts de recherche dans ce domaine tout en soulignant leur extrême circonspection quant à des applications immédiates.

La réponse des chercheurs spécialistes est claire : les connaissances actuelles sur les cellules souches ne permettent pas d’affirmer qu’il soit prudent de vouloir modifier leur comportement. Il est cependant admis que mieux comprendre comment agir sur la composition de la niche, ses fonctions et ses interactions avec les cellules souches, permet d’agir sans toucher aux cellules souches elles-mêmes. Le débat autour des cellules souches dans le domaine de l’anti-âge en cosmétique n’est pas clos.

Cellules souches et ingrédients cosmétiques

La seconde partie des Journées européennes de dermocosmétologie a été consacrée à la présentation de différents actifs cosmétiques, la plupart d’origine végétale. Certains d’entre eux sont dits « cellules souches végétales » et apportent des éléments nécessaires à la protection des cellules souches cutanées. D’autres permettent, du fait de leur mode d’obtention par biotechnologie, de protéger la biodiversité, d’éviter le problème des polluants ou de s’affranchir des problèmes d’approvisionnement dus à la saisonnalité. Et enfin, certains fournisseurs ont mis en avant l’intérêt des cellules souches cutanées pour évaluer l’efficacité de leurs actifs.

En résumé, un champ des possibles très étendu, mais un domaine ou les efforts de recherche et de connaissance à accomplir sont encore considérables.