Il fallait beaucoup de courage aux dirigeants de Leoplast pour faire prendre un cap complètement nouveau à cette société d’injection plastique spécialisée dans le packaging cosmétique. Pourtant, dès 2004, ils faisaient entrer l’entreprise de la région de Turin dans l’ère des bioplastiques.

Graziano Reggiani, Directeur Général de Leoplast

Un virage historique

« Du courage, je ne sais pas, explique-t-il, mais de la volonté, sûrement ! De toute façon nous n’avions pas le choix. Nos marchés traditionnels risquaient de filer en Asie. Nos coûts étaient devenus prohibitifs. Il fallait absolument trouver de nouvelles voies et surtout sortir un jour des résines issues des matières fossiles, du plastique pétrochimique. »

La chance de Leoplast était de se trouver au coeur d’une des régions (Le Piémont), les plus dynamiques en Italie en matière de culture bio et de questions environnementales. Il y a même un centre polytechnique à Turin spécialisé dans l’étude et la transformation des agroplastiques avec lequel Leoplast collabore.

Cinq ans après, la firme italienne transforme quelque 12 % de ses produits en bioplastiques et 10 % en plastique régénéré. « Cela peut paraître peu, mais en fait c’est extrêmement encourageant, souligne Graziano Reggiani. Tout simplement parce que ce ne sont que les acteurs du marché les plus petits qui y sont passés les premiers. Les gros commencent à arriver ». C’est d’ailleurs le souci... que les gros arrivent.

Car les investissements engagés nécessitent forcément des marchés plus importants que les petites ou moyennes quantités passées par les seuls acteurs plus modestes du marché. Un bon moyen aussi de rendre plus compétitif une technique et des produits dont les coûts peuvent encore apparaître comme prohibitifs (+ 30 % à + 40 % en moyenne).

Une gamme complète pour le maquillage

En cinq ans, le chemin parcouru par la firme italienne sur le plan technique a été considérable. Car transformer des plastiques issus des végétaux est loin d’être simple. Le choix de Leoplast s’est porté essentiellement sur des agro-matériaux issus à 100% de matières végétales. Les temps de cycle sont plus lents, les déchets de production sont plus importants, les « matières » sont soumises à des « retraits » après injection, le problème d’électricité statique, la maîtrise des températures de transformation etc. Sans compter l’étroitesse du marché « fournisseurs » de matières qui se résume encore à deux ou trois acteurs majeurs.

« Aujourd’hui, nous maîtrisons bien notre sujet, » explique Graziano Reggiani. Depuis 2007, la firme commercialise une gamme complète de maquillage (tube de rouge à lèvres, compact, fard à paupière) qui est à 100 % en Ingeo (acide polilactique). Leoplast a même sorti tout récemment un mascara dont la brosse et la tige sont en bioplastique et la flaconnette en verre.

À noter également, en joint venture avec un autre transformateur italien de flacon en plastique, Socoplas, la sortie d’un flacon et de son bouchon (fait par Leoplast) en PLA et en acétate de cellulose.

Confiant dans l’avenir ? «  Plus que jamais, insiste Graziano Reggiani. Nous sentons vraiment que cela bouge. Et nous avons de l’avance. »