Le 3-benzylidene-camphor (CAS : 15087-24-8), qui vient d’être interdit en France, est une substance peu utilisée par les fabricants de cosmétiques. On peut tout de même la trouver dans certains produits, notamment des crèmes de protection contre le soleil. En effet, la réglementation européenne permettait jusqu’à présent son utilisation, notamment à une concentration maximale de 2% en tant que filtre UV.

Perturbateur endocrinien

Dans une décision datée du 24 août 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) indique que cette substance est susceptible d’entraîner une perturbation des fonctions endocriniennes et d’avoir des effets notamment sur la fertilité.

Selon l’Afssaps, de nombreuses études récentes, menées in vitro et in vivo, démontrent ces effets, «  notamment au vu des résultats positifs obtenus dans des tests oestrogéniques in vitro ainsi que dans un test utérotrophique chez le rat femelle (augmentation du poids de l’utérus) et des modifications observées au niveau des organes reproducteurs dans une étude de reprotoxicité ».

De plus, l’Agence pointe du doigt deux études d’absorption cutanées qui avaient contribué à l’autorisation de cette substance comme filtre ultra-violet. Selon l’autorité chargée de garantir l’innocuité des produits cosmétiques commercialisés en France, ces études comportaient des biais méthodologiques : « d’une part, une exposition des volontaires limitée à 6 heures ne peut être considérée comme une durée prévisible d’utilisation et d’autre part, le taux d’absorption cutanée a été calculé à partir de la moyenne des deux valeurs issues de ces études, alors que le choix de la valeur la plus élevée doit être pris en compte afin de conduire à une évaluation des risques maximalisant l’exposition. »

Attente d’une décision européenne

Considérant que le 3-Benzylidene-camphor est susceptible de présenter « un danger grave pour la santé humaine », l’Afssaps a donc choisi d’interdire son utilisation dans les cosmétiques fabriqués, importés ou distribués en France.

Les fabricants et importateurs concernés sont donc invités à prendre, sans délai, toutes les mesures utiles pour faire cesser la distribution des produits qui contiendraient cette substance. Cette mesure, précise l’Agence, est adoptée dans l’attente d’une décision de la Commission européenne. Si celle-ci estime que la décision des autorités françaises est scientifiquement justifiée, l’interdiction devrait être étendue au niveau européen.

La question des perturbateurs endocriniens est particulièrement sensible en France, depuis qu’au mois de mai dernier, une majorité de députés a voté en faveur de leur interdiction dans les produits de consommation.

Le texte de la décision du 24 août est disponible ci-dessous ou sur le site de l’Afssaps :

Afssaps - Décision du 24 août 2011

Ou le texte tel que publié le 17 septembre 2011 au Journal Officiel (Mise à jour du 19 septembre 2011) :

Journal Officiel, 17 septembre 2011