« Dans de nombreux pays, dans les 50 prochaines années, environ un tiers des femmes auront plus de 50 ans », a déclaré Frédéric Bonté, directeur de la communication scientifique, en introduction. « L’aspect et la vitalité de leur peau sont déjà et resteront pour les femmes une préoccupation majeure dans leur vie quotidienne et pour leur bien-être social ». Dans pareil contexte et compte tenu des progrès de la science, « la question actuelle n’est plus de savoir comment lutter contre le vieillissement, mais de découvrir comment déclencher les processus de rajeunissement », ajoutait de son côté le Dr Max Santoul, dermatologue et conseiller scientifique de LVMH Recherche.

De haut en bas et de gauche à droite : Éric Perrier, Dr. Aubrey de Grey, Dr. Max Santoul, Dr. Leslie Baumann, Melanie Swan, Pr. Carlo Pincelli, Dr. Carine Nizard, Oleg Kvitko, Dr. Laure Rittié

Afin d’étudier les nouvelles stratégies susceptibles de redonner sa santé et sa jeunesse à la peau en produisant un effet durable sous sa surface, LVMH Recherche Parfum & Cosmétiques - le bras scientifique commun aux principales marques cosmétiques de LVMH (Parfums Christian Dior, Guerlain, Parfums Givenchy, et Fresh) - a réuni des scientifiques dont les présentations ont couvert un large éventail de sujets, tels que la génétique, la biologie cellulaire et moléculaire, les actifs, les stratégies de reprogrammation et de formulation, la dermatologie et même la méditation développementale.

Approches biologiques et cellulaires

Le Dr Aubrey de Grey, un gérontologue biomédical basé à Cambridge, et conseiller scientifique senior de la Fondation SENS, un organisme de bienfaisance basé en Californie et spécialisé dans la lutte contre les processus de vieillissement, a présenté une approche très ambitieuse englobant la caractérisation de tous les effets secondaires moléculaires et cellulaires additionnels et éventuellement pathogènes ("dommages") du métabolisme et qui caractérisent le vieillissement des mammifères et constituent la raison des interventions destinées à réparer et/ou prévenir ces dommages.

Concernant plus particulièrement le vieillissement cutané, il a observé que la peau en tant que tissu assez complexe était impactée par ce qui se passait dans le reste du corps, les types spécifiques de "dommages" moléculaires et cellulaires qui s’accumulaient dans tous les tissus, la peau inclue, étaient globalement similaires. Que cela concerne les niveaux extracellulaires ou intracellulaires, ces dommages peuvent être correctement réparés grâce à des stratégies de soins, comprenant la thérapie cellulaire, la phagocytose par stimulation immunitaire, les hydrolases microbiennes transgéniques, etc. En somme, selon le Dr Aubrey de Grey, un système sophistiqué de traitement multi-composants s’avèrera probablement nécessaire si nous souhaitons obtenir le complet rajeunissement de la peau âgée - mais ceci n’est plus un objectif utopique. « Avec des ressources suffisantes et de la détermination, cet objectif peut être atteint dans un avenir prévisible », a-t-il déclaré.

Concernant la question des cellules souches et du rajeunissement cutané, Carlo Pincelli, professeur de dermatologie clinique et directeur de recherche du Laboratoire de biologie cutanée de l’Université de Modène et Reggio Emilia, a détaillé le rôle des cellules souches kératinocytaires (KSC) dans le processus de vieillissement cutané. Il a montré que du fait que les KSC jouaient un rôle clé dans le processus de vieillissement cutané, les stratégies cosmétiques et médicales de rajeunissement, pour être efficaces, devaient néanmoins prendre en compte tout l’environnement des cellules souches, et en particulier la niche des KSC.

Pour sa part, Melanie Swan, chercheur à DIYgenomics, un organisme de recherche à but non lucratif qu’elle a fondé en Mars 2010 pour approfondir les liens existants entre génotype et phénotype, a expliqué comment le profilage génomique des individus pourrait conduire à des solutions personnalisées, y compris le développement de produits de soins spécifiques aux individus selon leur profil génétique. «  La génomique personnalisée est un domaine important et émergent de la science appliquée à la biologie humaine et à la médecine. Son application dans l’évaluation des risques de maladie, dans le profilage de bien-être, la détermination de la réponse aux médicaments, et la personnalisation de la réponse au produit ne peut que croître au cours des prochaines années et conduire à la découverte de nombreuses innovations utiles provenant de la recherche translationnelle sur le vieillissement cutané », indique-t-elle.

Alors que certaines de ces approches biologiques peuvent sembler pour l’instant assez utopiques, la publication dans le 1er numéro de Novembre de la revue Genes&Development, d’un protocole de rajeunissement réussi de cellules humaines centenaires et sénescentes, prouve que des résultats impressionnants peuvent déjà être atteints in vitro. Les scientifiques ont réussi à reprogrammer l’état pluripotent de cellules âgées grâce à l’introduction d’une série de gènes spécifiques, en démontrant ainsi que la sénescence cellulaire n’est pas une barrière et que la physiologie liée au vieillissement cellulaire est réversible.

Traitements dermatologiques

Par ailleurs, des approches plus pratiques et immédiates sur le rajeunissement cutané ont également été présentées. Le Dr Leslie Baumann, dermatologue, chercheur, professeur et auteur bien connu, a présenté les différentes techniques déjà à disposition des dermatologues et comment leur association dans le cadre d’une approche multi-facettes pouvait aboutir à des résultats visibles.

Le Dr Laure Rittié, chercheur au département de recherche en dermatologie dans le cadre du programme de recherche sur le photovieillissement et le vieillissement cutané, de l’Université du Michigan, Ann Arbor, a expliqué comment l’utilisation de dispositifs équipés de laser pouvaient être efficaces dans les stratégies de rajeunissement visant à stimuler la production de collagène des peaux endommagées par le soleil. Les dispositifs laser sont utilisés pour générer une réaction contrôlée de cicatrisation qui idéalement provoque une inflammation minimale et une production maximale de collagène.

Développement produits

Bien qu’il n’existe pas encore de promesses de jeunesse éternelle, les principaux fabricants de cosmétiques suivent de près ces divers développements scientifiques. « En combinant nos connaissances avec les informations provenant des domaines de la sociologie, de la psychologie et de la neurocosmetique, et en validant nos résultats par des études cliniques et au travers de panels de consommateurs dans le monde entier, nous cherchons à obtenir des solutions cosmétiques sur mesure », précise Eric Perrier, vice-président exécutif R&D pour la LVMH Recherche.

« L’idée selon laquelle le vieillissement est la poursuite active d’un développement génétiquement programmé des organismes a été en partie discréditée. Il est désormais admis que le vieillissement et une perte du maintien de l’équilibre entre la capacité d’un organisme à conserver son potentiel de réparation et la fréquence et l’intensité des dommages auxquels il est exposé », explique Carine Nizard, directrice innovation Bio-Science au sein de LVMH Recherche.

Carine Nizard a présenté trois exemples de stratégies de rajeunissement des cellules cutanées, en utilisant des ingrédients innovants, développés par LVMH Recherche et basés sur les travaux expérimentaux (au sein des laboratoires de LVMH ou grâce à des collaborations avec des universités). Ces stratégies se sont matérialisées par des produits cosmétiques commercialisés par les marques de LVMH. « Ces approches nous permettent d’avoir d’intéressantes données expérimentales in vitro sur le rajeunissement cellulaire cutanés et des résultats in vivo quantifiables à la suite de l’utilisation cosmétique de ces produits sur la peau », a-t-elle conclu.