Gérard Delcour

Les ventes des industriels français de la cosmétique continuent de progresser, tirées par un marché domestique qui a renoué avec la croissance en 2010, notamment grâce à la distribution sélective (2,8 milliards d’euros en 2010, soit une hausse de 1,9% par rapport à 2009 selon NPD) et à la grande distribution (5 milliards d’euros en 2010, soit une hausse de 1,5% par rapport à 2009 selon Nielsen) et ce, en dépit d’une légère baisse des ventes dans le circuit des pharmacies et parapharmacies (1,54 milliards d’euros, soit une baisse de -0,87% par rapport à 2009 selon Nielsen).

Mais c’est surtout grâce à leurs performances sur les marchés extérieurs que les industriels français de ce secteur continuent d’afficher une remarquable progression de leurs ventes, a relevé Gérard Delcour, président du Conseil d’administration de la Fédération des entreprises de la beauté (FÉBÉA), lors d’un petit déjeuner organisé par le BeautyFULL Club, le 4 novembre dernier, sur le thème des principaux vecteurs de croissance pour la filière beauté.

En effet, les chiffres communiqués par les douanes françaises font état d’une hausse de 9,2% des exportations françaises de parfums et cosmétiques en 2010 par rapport à l’année précédente. Au total, les exportations françaises de parfums et cosmétiques ont atteint 9,538 milliards d’euros (prix hors taxes départ usine) en 2010. Dans ce secteur, la balance commerciale française reste toujours fortement excédentaire (7,571 milliards d’euros, soit une hausse de 9,4% par rapport à l’excédent de 2009).

Si la majorité des exportations françaises est à destination des pays de l’Union européenne (53%), les marchés où la croissance est la plus forte sont l’Amérique latine (qui ne représente pour l’instant que 4% des exportations mais en progression de 24% en 2010), les pays européens hors Union, qui ont progressé de 19% en 2010 (et qui représentent 11% des exportations, notamment grâce au poids de la Russie), et l’Extrême-Orient, en hausse de 19%, pour une part de 12,8% du total des exportations françaises.

« Si le marché est encore clairement un marché européen, l’essentiel de la croissance se situe dans les pays émergents. On peut estimer que 60% de la croissance des prochaines années se fera dans les BRICs, » a commenté Gérard Delcour.

Toutefois, derrière l’acronyme BRIC - qui désigne le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine - se cachent des marchés très différents les uns des autres. Le marché russe est certainement celui qui, par la structure de sa distribution et les préférences de ses consommateurs, se rapproche le plus de ce que l’on connaît en France et plus généralement en Europe.

Le Brésil en revanche est un marché marqué par une forte insuffisance des réseaux de distribution, que les marques leaders (Natura, O Boticario, Avon) doivent palier en recourant à la vente directe. « Mais cela évolue, note Gérard Delcour, notamment avecl’arrivée de Sephora, qui a pris l’an dernier le contrôle de Sack’s, site de vente en ligne et l’un des premiers distributeurs de produits de beauté au Brésil. »

L’Inde en revanche, demeure surtout un marché pour les produits de toilette et les capillaires (produits pour le bain et la douche, shampooings, etc.) fabriqués localement, et où les produits haut de gamme importés restent réservés à une toute petite élite, notamment du fait de droits de douane élevés et d’un réseau de distribution très peu développé.

Quant à la Chine, c’est bien évidemment un marché très dynamique, mais les exportateurs de parfums et cosmétiques rencontrent encore de grosses difficultés pour accéder à ce marché qui a instauré des barrières techniques bloquant de fait l’entrée de nouveaux produits.