Une démarche créatrice permanente

« Certes, explique Dany Sanz, les tendances existent ! Je me souviens très précisément de la tendance du milieu des années 1980, date à laquelle nous avons démarré Make Up For Ever, avec ce déferlement de la culture américaine. C’était l’époque du Palace à Paris, la boîte de nuit du moment, des paillettes, de la frime et du début du Body Painting. À partir du début des années 1990, on est revenu au naturel, à l’élégant, au chic. C’était devenu vulgaire de faire du pailleté. Puis les années 2000 sont arrivées avec une véritable fascination pour les années 1960. On a vu ressurgir les petits carreaux Vichy, les couettes…. Aujourd’hui, il faut bien le reconnaître, on tourne en rond ! Dans ces conditions, il est évident qu’on ne peut pas être insensible à ce qui se passe à l’extérieur et j’ai beaucoup de collaborateurs qui sont très attentifs. Cela vient enrichir mes réflexions et mes idées, mais je suis avant tout à la recherche de ce qui est nouveau ».

On le voit, la création de Make Up For Ever en 1984 est la suite logique d’une démarche créatrice quasi permanente.

Des produits professionnels ou publics ?

Visiblement le débat « Professionnel »/« Grand Public » n’est pas totalement tranché pour cette femme exigeante et perfectionniste. Et le passage d’un Make Up for Ever quasi uniquement centré sur la mise au point et la fabrication de produits de maquillage destinés aux professionnels vers le Make Up for Ever d’aujourd’hui, filiale du Groupe LVMH et devenu une référence dans le monde de la cosmétique, présent dans plus de 45 pays, n’a pas toujours été et n’est pas toujours simple.

« C’est vrai, il peut y avoir débat et j’ai toujours été un peu sensibilisée sur ce point », avoue-t-elle. « Mais, en même temps, l’expérience a prouvé que la démarche pro était la bonne. Lorsque j’ai voulu développer, il y a cinq ans, la gamme HD (pour Haute Définition), qui satisfaisait les exigences de maquillage des artistes soumis à l’implacable précision des images cinématographiques ou télévisuelles, on s’est étonné que je ne raisonne pas assez grand public. Mais je tiens à l’image pro. Et cette gamme, que je continue à décliner, a eu et continue d’avoir un grand succès auprès des consommatrices ». La gamme HD n’a d’ailleurs cessé de s’agrandir. «  J’ai été la première à mettre au point de la poudre H.D. sans talc et je viens de mettre au point un Blush HD », explique-t –elle.

« Il n’y a pas trente-six mille façons de se maquiller ! »

Quant à la tendance actuelle à la sophistication du packaging et des accessoires qui facilitent la gestuelle du maquillage, Dany Sanz considère que, « c’est le plus souvent du gadget. »

« Il n’y a pas trente six mille façons de se maquiller ! La vraie innovation doit résider dans le produit et pas dans son applicateur ou son packaging. Ce qui ne veut pas dire, reconnaît-elle, qu’il existe pas de réelles avancées techniques, comme les airless, qui contribuent à préserver les performances des produits. Ce qui ne veut pas dire, non plus, que nous ne nous intéressons pas au packaging. Nous avons par exemple prévu de changer tous nos packs de fards à paupière et nous avons décidé de faire nos propres moules ».

Enfin, concernant l’évolution actuelle de la législation qui consiste à supprimer de plus en plus de produits, « c’est véritablement l’enjeu le plus important et le plus grave pour notre métier dans les années à venir », insiste-t-elle.

Dany Sanz présentera la saga de Make Up For Ever dans le cadre des conférences de MakeUp in Paris, les 24 et 25 Juin 2010 à l’Espace Pierre Cardin.