On pourrait presque résumer le succès de Bormioli Luigi en deux dates et deux chiffres : en 1999 l’entreprise réalisait 81 millions d’euros de chiffre d’affaires, et en 2008, il devrait avoisiner les 175 millions ! Une progression qui donne la mesure du travail de fond réalisé par le verrier italien. Cette performance remarquable est due en grande partie au "coup de collier" du début des années 2000 sur la partie flaconnage de luxe dont le chiffre d’affaires est passé de 60 millions d’Euros en 2001 à 136 millions en 2008.

L’entreprise familiale a également su s’adapter à son succès. En 2004, pour la première fois de son histoire, elle nomme un directeur général, pour rationaliser l’organisation et mieux coordonner les activités d’une entreprise devenue un acteur incontournable en Europe. Le choix se porte sur Vincenzo Di Giuseppantonio, qui connaît parfaitement le métier de verrier. Alberto Bormioli, Pdg et héritier de la tradition verrière familiale sait qu’il a fait le bon choix : « Nous nous sommes choisis mutuellement ».

Vincenzo Di Giuseppantonio réorganise complètement l’entreprise de Parme. De 1200 personnes, les effectifs sont abaissés à 850, en l’espace de trois ans. Une cure d’amaigrissement au cours de laquelle toute l’organisation est revue et corrigée, et l’outil de production passé au peigne fin pour chasser le moindre gain de productivité.

En revanche, comme dans le même temps la demande est particulièrement soutenue, l’outil de production se révèle vite insuffisamment dimensionné.

Retrouver la flexibilité

Il fallait absolument augmenter les capacités productives. En 2007, une opportunité se présente. L’une des usines de l’autre grand verrier italien, Bormioli Rocco (à ne pas confondre !), spécialisée dans la production de bouteilles est en vente. Un investissement total de 30 millions d’euros : 10 millions d’euros pour le rachat, auxquels « il aura fallu ajouter 20 millions pour mettre l’outil à niveau dans le flaconnage haut de gamme, » explique Alberto Bormioli.

Résultat, un nouveau four de 80 tonnes chauffé au gaz (c’est nouveau et beaucoup plus économique pour Bormioli Luigi, dont les autres fours à Parme sont tous chauffés à l’électricité), quatre lignes de production I.S. simple gob toutes neuves et un potentiel de 29000 tonnes de verre par an. Le tout inauguré la semaine dernière en grandes pompes à Parme et à Milan.

« Cela va enfin nous permettre de retrouver notre flexibilité et notre réactivité légendaire, explique Vincenzo Di Giuseppantonio, tout en préservant ce qui a fait la force de Bormioli Luigi, la qualité et le service ».

« Des principes pas si faciles à tenir que cela par les temps qui courent », reconnaît-on au siège de Parme. Car les pressions se sont renforcées au cours des dernières années pour faire fléchir une stratégie basée sur le « juste » prix pour une « juste » qualité. « Mais on a tenu bon, insiste Alberto Bormioli, et on tiendra bon ! »

Le « juste » outil pour le « juste » marché

Avec 41 % du chiffre d’affaires réalisé de l’autre côté des Alpes, la France reste de loin le premier client de Bormioli Luigi suivi par les USA (21 %) et l’Angleterre (17%).

«  Je ne suis pas partisan de saturer à tout prix nos lignes de production », insiste Alberto Bormioli. « Car cela nous entraîne inévitablement dans une spirale de baisse des prix et de la qualité ».

Le juste « outil de production » pour le « juste marché ». Une véritable obsession pour ce Parmesan tonitruant, visionnaire et entreprenant, qui clame : «  je préfère mettre l’argent dans les machines plutôt que dans les banques ». Une réflexion bien à propos par les temps qui courent.

Entreprenant mais prudent, Alberto Bormioli l’est incontestablement. Et le choix de racheter l’usine de son confrère Rocco à Milan n’est pas le fruit du hasard. « S’implanter à 100 kilomètres de ma base me va bien, explique-t-il. Pour moi, c’est déjà presque une forme de délocalisation ».

Mais l’entreprise a déjà un pieds hors de la péninsule avec l’usine de parachèvement de Coulommiers, en France, rachetée en 2005.

« Un bon sujet, le parachèvement, insiste Alberto Bormioli, Attendez-vous a ce que nous nous redéployions encore sur ce créneau.... Et plus vite que vous ne le pensez ! »

Et ce n’est pas fini.... On s’intéresse également de très près au plastique chez Bormioli Luigi. Oui, vous avez bien lu, au plastique... En attendant, on est toujours fier à Parme de revendiquer le « plus beau verre du monde » !